La destruction d'Estaires : 9 avril 1918

Depuis 1914, le front s'est stabilisé à 8-10 kilomètres d'Estaires et la ville a été relativement épargnée mais ses habitants n'imaginent pas l'horreur qui va s'abattre sur la ville le mardi 9 avril, lors de l'offensive de l'armée allemande.
Cette journée tragique nous est racontée par le bulletin paroissial "LA VOIX DE L'EXIL".

"Dès 4 heures du matin commence un bombardement qui ne ressemblait en rien à ceux que nous avions connus jusque là : c’est une grêle d’obus qui, sans un instant d’arrêt, tombe sur les divers quartiers de la ville. Les maisons sont écrasées et leurs habitants doivent fuir à peine vêtus et sans rien emporter. Beaucoup se réfugient dans les caves dans l’espoir que le bombardement prendra fin bientôt ...

Mais les obus continuent à tomber : les unes après les autres, les maisons s’écroulent ..."

Les derniers rescapés quittèrent la ville le 10 avril vers 10 h du soir, après avoir subi un bombardement ininterrompu durant 35 heures. . Et ce fut le lamentable spectacle de cette foule fuyant le long des routes et à travers champs ..."

Le 10, les Allemands avaient passé la Lys à Bac-Saint-Maur, débordé Estaires et La Gorgue et s'étaient rués vers Merville et Saint-Venant jusque la forêt de Nieppe, où ils furent enfin stoppés.

Pendant sept mois, Estaires, occupée par les Allemands, fut alors soumise à un bombardement intense des Alliés et complètement détruite. Seules subsistaient quelques vieilles maisons dans la rue de Merville et dans la rue du Collège.

Quelques mois plus tard, sentant venir la débâcle finale, ils battent en retraite détruisant tout sur leur passage. Estaires, son antique Hôtel de ville, sa belle église dynamitée, sortent anéantis de cette fournaise. La ville était presque totalement détruite.

Mais reprenons le bulletin paroissial :

En octobre 1918 , voici ce que découvrent les premiers évacués revenus dans leur cité :

"La situation de notre ville se résume en un mot : DESTRUCTION !  
DESTRUCTION TOTALE,   ABSOLUE !

Les rues sont encombrées de briques et de pierres; des équipes de soldats déblaient les routes.    

TOUT EST DETRUIT ! De la mairie et de l'église, il ne reste plus pierre sur pierre : ce ne sont plus que d'informes tas de briques. De l'hospice, de l'ouvroir, des écoles, du collège, du château d'eau, il ne reste plus rien. !"
 

Les ruines de l'Hôtel de Ville