Estaires-La Gorgue de 1900 à 1930D'après G. Lefebvre, militant syndical |
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1 - Avant 1914Deux villes sœurs |
Deux villes-sœursSeulement séparées par la Lys. Celle-ci était très poissonneuse ce qui faisait la joie des riverains de pouvoir se détendre au bord de l’eau. C’était également un lieu de promenade et, chaque dimanche, on voyait descendre de la gare de nombreux pêcheurs qui venaient de Lille-Roubaix-Tourcoing, assurés de pouvoir faire une bonne pêche.
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La Gorgue, en 1900 encore une petite bourgade, prit, peu à peu, de l’extension avec l’installation de la gare sur la rive droite de la Lys . Cela permit à diverses industries de s’y implanter, profitant du transport ferroviaire et de la voie d’eau pour alimenter les machines à vapeur de l’époque. Six tissages fonctionnaient, ainsi qu’une filature, deux usines d’amidon, deux distilleries et quelques blanchisseries. L’on trouvait suffisamment de main d’œuvre dans les 2 agglomérations. Les heures de travail étaient de 12 heures et 10 heures par jour. Les salaires étaient bien maigres : les apprentis gagnaient 6 F par semaine pour 60 heures. Les salaires variaient entre 2,50 F et 3 F par jour. La rue de la Meuse (actuellement rue du Gal de Gaulle et rue Jean Mermoz) débutait aux tissages Leleu et s’étendait jusqu’à l’École Communale. Cette rue peu commerçante était bordée de peupliers et de fossés des 2 côtés, et était assez insalubre. Avec la gare, elle devint très vivante. Les industries s’y sont implantées. Les ouvriers d’Estaires l’empruntaient pour se rendre à leur travail ce qui donnait de la vie dans cette artère. Rien que 30 cabarets qui avaient chacun leur petite clientèle. Il est vrai qu’à cette époque, la chope se payait 10 cts et l’eau de vie également. On ne consommait que peu de vin et encore moins d’apéritif. Pas de moyen de transport : la marche à pied et quelques rares bicyclettes qui firent leur apparition vers 1908. Mais il existait MARIA, le tramway de Béthune à Estaires qui traversait les 2 communes sans que rien ne signale son passage. Il était le roi dans sa chevauchée qui se terminait à Estaires, près du cimetière. Certes, Estaires était pour les Gorguillons une petite ville groupée près de son beffroi. Son marché amenait chaque jeudi, quantité de marchands et il était bien difficile de passer dans les allées, tellement il y avait de monde. Estaires fut toujours réputée pour le marché d’œufs, de beurre et surtout de volailles, ces dernières achetées par des revendeurs de Lille et des environs. Les fêtes y étaient plus suivies que dans la commune voisine. La fête de le Pentecôte avec la cavalcade attirait une énorme affluence des gens de toutes les communes voisines. La ducasse de septembre attirait toujours un grand nombre de forains alors qu’à La Gorgue, la fête de la Mayolle et la ducasse de juillet attiraient peu de monde, le centre étant trop éloigné pour les Estairois et les attractions bien rares sur le champ de foire. Voilà, en résumé la vie de ces 2 communes au début du 20ème siècle. Les grèves dans le textileAu cours de ce siècle, la vie de la classe ouvrière devint de plus en plus pénible. Les salaires très bas et les brimades de toutes sortes contraignirent les ouvriers à réclamer plus de justice ce qui déclencha la grande grève de 1903 qui dura 3 mois. Relatons les faits et les graves événements qui se passèrent : manifestations dans les rues, devant les châteaux des patrons où les fenêtres volèrent en éclats. Par la mauvaise volonté patronale, la grève se durcit et la troupe de Fantassins et de Dragons fut envoyée à La Gorgue-Estaires ce qui ne calma pas les esprits. Devant la durée, les ouvriers devenaient de plus en plus révoltés et de graves bagarres eurent lieu chargées par la troupe et les dirigeants durent tenir en main les grévistes pour éviter le pire. Un vieux gorguillon composa une chanson dont voici le refrain chanté sur le marché d’Estaires :
Après une si longue lutte, il fut enfin trouvé un accord sur une légère augmentation et un tarif général fut établi où chaque tisseur pouvait trouver les renseignements sur le prix à façon de son travail. A la suite de cette grève, les ouvriers se groupèrent dans une importante Section Syndicale Textile dont le siège était à l’estaminet de la Chaumière, rue de la Meuse à la Gorgue. Des camarades dévoués gérèrent au mieux les intérêts des ouvriers syndiqués à 100%. Après cette grève, l’industrie textile prit une forte extension. Dès 1905, le tissage Delahaye fut ouvert, puis les tissages Gamelin et Hacot en 1907. Ce dernier voulut introduire les métiers multiples ce qui créa dès le début des incidents et obligea les ouvriers à se mettre en grève qui dura 4 longs mois. Grâce à leur foi en la victoire, et le soutien moral de tous les travailleurs, ils gagnèrent la partie pour la suppression des métiers automatiques ce qui fortifia l’action syndicale. Celle-ci adhéra à la Fédération Textile groupée dans la CGT. Sa cotisation était obligatoire, soit 25 cts. En 1906 survint la catastrophe des mines de Courrière qui créa un élan de solidarité dans nos 2 communes par des quêtes faites par les mineurs aux messes. A la même époque, fut votée la loi de " Séparation de l’Église et de l’État ". Notre région très catholique se défendit par tous les moyens mais, avec l’intervention de l’Armée, force resta à la loi. Après tous ces bouleversements, 1908 connut le calme et la prospérité dans nos deux villes. L’industrie textile prenait une grande extension et la main d’œuvre masculine et féminine trouvait facilement du travail. La vie du tisserandCertes, la semaine de 60h était beaucoup trop longue surtout pour les femmes qui, la semaine terminée, était contraintes aux divers travaux du ménage et, le lundi, il fallait reprendre le chemin de l’usine sans avoir eu un instant de repos. Quant au salaire, il n’était pas bien gros. Moi-même, débutant à 11 ans, après avoir obtenu le certificat d’Études, je gagnais 10 cts de l’heure soit 6 F la semaine. Les tisseurs étaient payés aux pièces et touchaient environ 18 F la semaine. Les femmes en préparation gagnaient également cette somme. Bien entendu, ce n’était pas toujours ainsi car il y avait parfois des travaux défectueux où le tisseur ne gagnait rien. Le samedi, il rentrait chez lui sans paye. Dans le jargon de ce temps, l’on disait : " J’ai la blanche ". Les amendes diminuaient également les gains. L’action syndicale, peu à peu, s’efforça d’atténuer ces tristes procédés mais les patrons essayaient par tous les moyens de réduire les revendications de cette classe ouvrière opprimée de toutes parts. A cette époque, le cléricalisme faisait sentir sa domination sur les familles nombreuses à qui il accordait secours en argent ou en habillement mais toutes ces familles devaient courber l’échine. Fêtes et détenteMalgré tout le commerce s’organisait. Les fêtes de l’année comptaient dans la vie de chacun. Le dimanche, chaque café, pourtant nombreux (environ 400 pour les 2 communes) avait sa petite clientèle. On y jouait aux cartes, aux boules, au tir à l’arc. Bien entendu, les dépenses étaient minimes, environ 50 cts pour la soirée. On y vendait de la bière à la canette, des bistouilles mais rarement vin et apéritif. Pour chaque café, il était bien rare qu’il n’y ait pas une société ce qui permettait, le dimanche, de se retrouver entre amis. En été, les jeux en plein air étaient en vogue : tir au berceau, tir à la perche … Également beaucoup de pêcheurs le long des berges de la Lys qui, à cette époque, était très poissonneuse. Parfois des concours organisés avec des localités voisines attiraient les amateurs. Jusqu’à la guerre 14-18, la Lys était une rivière calme et paisible. Les péniches étaient tirées par la femme et les enfants du batelier et ne troublaient pas l’eau et les poissons y vivaient paisiblement. Souvent, avec l’arrivée de l’hiver et des grandes pluies, la rivière sortait de son lit pour inonder les riverains, gêner la circulation le long des berges et rejeter de grandes quantités de poissons dans les fossés, une aubaine pour les pêcheurs au filet. Les saisons n’étaient pas celles de nos jours. L’hiver était très rigoureux avec de fortes gelées et de la neige qui durait jusqu’à la mi-février. Les patineurs s’en donnaient à cœur joie sur les prés inondés ce que nous ne voyons plus à présent. Mais, avec l’arrivée des fêtes de Pâques, ça sentait déjà le printemps. Le lundi, les promeneurs partaient pour Merville avec les canotiers, les gosses allaient au hanneton le long des berges mais malheureusement ces petits insectes ont disparu, la région s’étant déboisée peu à peu avec l’arrivée des diverses industries. Dès la St Jean, le 24 juin, les chaleurs commençaient à réchauffer l’atmosphère. Dans les usines, il faisait intenable, aussi, le soir, l’on voyait de nombreux nageurs s’ébattre dans la Lys, les plus jeunes faisant leur apprentissage à la Fosse Duquenne. Voici, en résumé, la vie de nos localités avant guerre. C’était la Belle Époque, chacun s’amusait à sa façon, surtout par la chanson. Il était rare de voir une personne ne sachant chanter. Des vendeurs, accompagnés à l' accordéon, proposaient des chansons à la porte des usines. Et chacun de fredonner "Caroline" ; "Viens poupoule" ... Le dimanche, dans les cafés, l’on chantait tous ces airs gais, repris par toute l’assistance. Parlons un peu de politique.Dans nos communes, en 1910, les esprits commençaient à s’éveiller. A cette époque, la droite classique, voire cléricale, régnait en maître. Les républicains tentaient de tenir tête et participaient aux élections municipales. De graves événements se produisirent : urnes jetées par la fenêtre, élections annulées … mais, toujours, la droite triomphait. Mais la classe ouvrière commençait à s’organiser. En 1898, quelques hardis ouvriers fondèrent la Coopérative " L’Avenir " pour les ouvriers de La Gorgue-Estaires. L'on ne vendait que du pain avec une ristourne à la fin de l'année. Mais cette société eut bien des vicissitudes et il fallut beaucoup de courage à nos anciens pour conserver ce petit patrimoine. Nous y reviendrons après la guerre. Le syndicalisme bien installé dans le pays formait des militants qui commençaient à propager les idées socialistes. Peu à peu, la publicité faite par la presse de gauche, entre autres "Le réveil", incita les ouvriers à s'organiser. Uns section socialiste fut créée à la Gorgue et une autre à Estaires. Certes, les adhérents étaient peu nombreux au départ mais l'idée faisait son chemin. Aux élections législatives, pour la première fois dans cette Flandre réactionnaire, un candidat ouvrier se présenta contre la bourgeoisie de droit divin. Hélas, les voix ne furent pas nombreuses mais l'idée était lancée et, peu à peu, les sections virent venir des ouvriers décidés à lutter pour l'amélioration de leur vie misérable. L'on insista auprès des jeunes pour participer à ce combat et il se créa, en 1912, un groupe des Jeunesses Socialistes où je fus adhérent auprès des camarades plus âgés. En 1912, suite au décès du maire, une élection partielle eut lieu. Pour la première fois, le groupe socialiste de La Gorgue présenta 4 candidats, tous ouvriers tisseurs, car, au début, le recrutement se faisait essentiellement dans les usines. Comme prévu, le résultat ne fut pas très honorable : 200 voix obtenues contre 800 à la droite, mais, loin de se décourager, l'on reprenait le combat pour les luttes futures. La propagande s'organisa. Des conférences furent données dans les cafés, parfois suivies par une assistance peu nombreuse. L'on distribua des tracts et des brochures pour éveiller l'esprit de cette classe ouvrière opprimée principalement par le clergé qui faisait un peu à sa guise. Les familles nombreuses ne pouvaient relever la tête, par craindre de représailles et de perdre les quelques secours alloués par les dames patronnesses. Malgré tout, l'émancipation triomphait peu à peu des préjugés. Après le mouvement coopératif et le syndicalisme, le socialisme apporta à la classe ouvrière l'espoir d'une vie nouvelle avec plus de libertés et d'égalités. En dehors de cette émancipation des masses populaires, dans nos deux villes, une certaine émulation culturelle et sportive prit un essor important. Les activités sportivesA Estaires, il se créa "La Patriote" dont le siège était "Au Cœur Joyeux", rue du Rivage. Ce groupement prit vite de l'importance. L'on y pratiquait la gymnastique et la Préparation Militaire. S'y ajouta également une section féminine ce qui donnait un certain éclat lors de défilés dans les artères de la ville. Parallèlement, nos édiles cléricaux, pour pallier à cela et éviter que la jeunesse s'égare dans cette société à tendance républicaine, créèrent à leur tour une société de gymnastique "La Jeanne d'Arc". A cause de ces rivalités d'opinion, surgirent jusqu'en 1914, de graves incidents chaque fois que ces sociétés défilaient en ville, ce qui était loin d'apporter le calme dans les esprits. Même problème à La Gorgue, où se créa, en 1908, "La Patriote Gorguillonne" qui survécut jusqu'à la Grande Guerre. Puis ce fut la société "La St Pierre" qui s'installa dans la salle devenue de nos jours la salle des Fêtes. Elle reprit de l'activité après 1918 mais devint, par la suite, société de football. Il existait, avant 1914, une société de football, "L'Union Sportive des 2 Villes" dont le siège était au Café du Printemps, rue de la Meuse. De ce fait, il y avait un peu de divertissements dans les 2 localités car après une longue semaine de labeur, l'on sentait la nécessité de s'égayer un peu. Par la suite, un cinéma vint s'installer au "Café des Variétés", mais les clients, le samedi et le dimanche, étaient peu nombreux pour voir le cinéma muet. Il a fallu la guerre et la présence des troupes étrangères pour faire vivre ce spectacle peu apprécié à cette époque. Les dernières années avant guerreLes années 1911 et 1912 n'apportèrent que peu de changement dans le travail, le commerce marchait très bien et tout le monde vivait dans l'euphorie de la Belle Époque. L'on causait beaucoup de la boxe, des victoires de notre Georges Carpentier et . . . des exploits de la "Bande à Bonnot". Tout le monde était intriqué par son audace et par celle de la "Bande Pollet" qui agissait dans notre région. L'on respira un peu, lorsqu'elles furent mises toutes deux hors d'état de nuire. L'année 1913 fut plus mouvementée. De puissantes organisations tant syndicales que politiques s’établirent dans notre pays ce qui donna une puissance accrue au peuple pour réclamer plus de justice et de bien-être. En juin, la vie étant de plus en plus chère, l’on vit s’étendre un mouvement de protestation contre certains abus. Nos localités furent, sur l’ordre du Syndicat Textile, à la pointe du combat. Un jeudi, jour du marché d’Estaires, tous les ouvriers s’y donnèrent rendez-vous dès huit heures trente. Le beurre et les œufs furent les premiers à en subir les frais, les paniers de beurre renversés et jetés à la tête des badauds rassemblés. Les fermiers, par peur, s’étaient réfugiés dans les cafés avec les paniers d’œufs. En quelques minutes, toutes ces marchandises étaient jetées par les fenêtres des cafés ce qui fit une belle omelette. Pour faire baisser les prix, le Commissaire de Police fit vendre par les fermiers, le beurre à 30 sous au lieu de 40, les œufs à 2 sous. Hélas, ce ne fut qu’un feu de paille. Peu à peu, les prix remontèrent et nos camarades subirent longtemps la rancœur du monde paysan. Bien que ceux-ci étaient honteusement exploités par les gros propriétaires terriens et subissaient sans réaction l’esclavage de leurs maîtres. Autre événement de cette année 1913, la crainte de la guerre avec l’Allemagne. Celle-ci était de plus forte en armement et en matériel. Notre pays devenait de plus en plus revanchard. Sur les bancs de nos écoles, on forgeait cet esprit. En 1870, ce pays nous avait spolié l’Alsace et la Lorraine, deux belles provinces françaises. Même les chansonniers de cette époque aidèrent beaucoup à exalter le patriotisme du pays par des chants pleins d’esprit de revanche. Le plus chanté à cette époque fut
Ce patriotisme poussé à l’excès dans toutes les couches de la société, nos gouvernements purent prendre à leur aise toutes les mesures pour faire face à la guerre que l’on croyait imminente. Sans plus attendre, jugeant les effectifs de notre armée trop faibles, ils proposèrent à la chambre des députés, la loi des trois ans qui fut votée par toute la réaction déchaînée. Certes, dans le pays, il y eut, contre cette loi, beaucoup de manifestations auxquelles toute la classe ouvrière apporta son soutien. Mais il fallut se résigner et en octobre 1913, cette classe partit pour 3 ans dans l’espoir que la force de nos armées ferait reculer la guerre. L’année s’acheva dans cet espoir. L’année 1914 apparut sous le signe de l’espérance et les fêtes du début de l’année furent pleines de gaieté et d’entrain. Le Carnaval où l’on rencontrait pendant 3 jours de nombreux groupes costumés. Il existait alors dans de nombreux cafés, des sociétés de carnavaleux telle que la "Société des Longues Pipes", basée chez Caron, rue de la gare, Ce groupe parcourait les rues de la ville avec musique et chansons. Le mardi gras, toutes les usines fermaient ce qui permettait d’organiser dans les estaminets un banquet à prix réduit (35 sous) et le Carnaval se terminait dans la joie et la gaieté. Une grande camaraderie existait. Chacun apportait sa solidarité aux familles dans la détresse soit par des quêtes dans les usines ou le dimanche, par une soirée organisée par des chanteurs bénévoles au profit des jeunes soldats dont la famille se trouvait dans le besoin. Les fêtes de Pâques se passèrent sous de bons auspices. Par trains supplémentaires, beaucoup d’Estairois et de Gorguillons allèrent à Merville voir la Cavalcade et laisser les enfants admirer le char de St Antoine avec ses diables. Voici mai et les élections législatives. Tous les groupes de droite ou de gauche firent leur propagande dans tout le pays. Le parti socialiste, seul contre toute la droite, prit pour slogan "Tout pour la paix", tandis que le gouvernement au pouvoir poursuivait sa politique de revanche qui peu à peu prenait corps dans les esprits. Le socialisme remporta un vif succès car il obtint 100 sièges au parlement. Ce groupe animé par Jean Jaurès, fut l’apôtre de la paix. Hélas, malgré ses démarches auprès des partis socialistes étrangers, il ne rencontra pas toujours l’unanimité pour la défense de la paix. Le mois de juin s’écoula dans l’insouciance. Le jour de la Pentecôte, au départ du ballon, celui-ci accrocha le beffroi et alla atterrir sur le toit du Marabout. Heureusement, pas de blessés et la fête continua dans le tonnerre des manèges et des chansons dans les cafés. Vint juillet avec la ducasse de la Gorgue et les banquets traditionnels du jeudi avec les Archers, les Javeloteux ... le tout dans une gaieté très familiale. Mais l’horizon commençait à s’obscurcir. toute la presse en général entretenait le moral guerrier, vantant les qualités de nos armes, les meilleures du monde. Quoi qu’il arrive, il fallait que l’Alsace-Lorraine revienne à la mère patrie. Comme prévu, les évènements se précipitèrent avec l’assassinat du roi de Serbie le 22 juillet. Les puissances occidentales mobilisèrent, des ultimatums furent lancés, des interventions eurent lieu pour éviter le pire. Après l’assassinat de Jean Jaurès, toutes les masses laborieuses se levèrent en
protestation contre ce crime odieux. |