Histoire
Depuis 400 ans, existe à Estaires une
dévotion particulière à N.D. du Mont Carmel.
Créée en 1607, la Confrérie de Notre Dame
du Mont Carmel fut d'abord établie en l'église paroissiale.
Sous la Révolution, l'église fut pillée et les statues
jetées dans la Lys. La statue de N.D. fut heureusement
récupérée par des fidèles et put, la tourmente terminée, retrouver sa place.
En 1855, la chapelle actuelle fut construite par
Pierre Dubuche, rue du Trou-Bayard, pour accueillir tout
spécialement cette statue et y recevoir les nombreux pèlerins
.
A sa mort, la chapelle fut léguée à une
famille de "Défaiseurs de tours" qui espérait profiter des
neuvaines et pèlerinages pour exercer cet art peu compatible
avec la religion.
L'abbé Boedt, curé d'Estaires, ne put
faire autrement que de frapper cette chapelle d'interdit,
et le culte, les pèlerinages … y furent défendus.
Et ce n'est qu'en 1919, cette chapelle
ayant été vendue à la famille Lefrancq, que l'abbé Vaillant,
curé d'Estaires, leva cet interdit. Elle
est actuellement la propriété de la famille Tacquet. |
 |
La statue
La statue actuelle existait déjà avant la Révolution
mais aucun document ne la situe plus avant avec certitude.
Dans l'église
de 1577, dont la 1ère pierre avait été posée par Anne de Pallant, se
trouvait une chapelle dédiée à ND du Mont-Carmel. En 1607, s'y établit
la Confrérie de N.D. du Mont Carmel.
On voit mal ces 2 événements sans une statue de N.D. Est-ce la nôtre ?
Celle-ci est une Vierge habillée. Elle possédait trois robes une
blanche, une bleu-clair et une bleu-marine qui étaient changées
régulièrement. L’enfant Jésus est vêtu de la même robe que la Vierge.
Tous deux portent des couronnes fleurdelisées ornées de pierreries.
Jésus tient un globe terrestre dans la main, la Vierge un sceptre et le scapulaire
de la Confrérie.
|

|
Le Scapulaire du Mont-Carmel est composé de deux
morceaux de laine brune tissée de forme rectangulaire, ornés d’images
pieuses ou de médailles, reliés entre eux par deux cordons de manière à
pouvoir être portés autour du cou.
On devient membre de la Confrérie du Scapulaire de Notre-Dame du
Mont-Carmel par la réception du Scapulaire, qui doit obligatoirement
être « imposé » (autour du cou),
en
utilisant la prière prévue à cet effet.
Son histoire mouvementée, son mobilier, sa statuaire,
font tout l'intérêt de cette grande chapelle très bien entretenue par
ses propriétaires actuels.
La voici ouverte, ce qui est rare, à
l'occasion d'un "rallye-chapelles".
Elle est encore utilisée pour le culte, en juillet, à
l'occasion de la fête et de la neuvaine de N.D. du Mt
Carmel |
Documents relatifs à l'histoire de cette chapelle
1- Note de M. Jourdin dans son livre "Estaires".
La chapelle du Trou-Bayard, dédiée à
Notre-Dame du Mont-Carmel est celle dans laquelle en 1607
l'évêque Baseus de Saint-Omer, avait érigé une confrérie
dont beaucoup de personnages tenaient à honneur de faire
partie. Cette chapelle par la suite fut frappée
d'interdit dans des conditions que nous n'avons pu élucider
mais nous savons que l'un des premiers gestes de M. le curé
Boedt, lors de sa nomination à Estaires, avait été, dans un
esprit de conciliation, de faire rapporter la mesure
d'interdit. Le 16 juillet 1873, fête de
Notre-Dame-du-Mont-Carmel, une manifestation grandiose de
piété mariale avait eu lieu sous la présidence de M.
l'Archiprêtre doyen de Merville. Une procession qui
groupait, dit la Semaine Religieuse de Cambrai, de neuf à
dix mille pèlerins et s'échelonnait sur plus d'un kilomètre
de long se rendit de l'église paroissiale à l'antique
sanctuaire, où une grand-messe fut chantée et un sermon
donné par le P. Berthe, originaire de la région. La ville
avait été richement pavoisée et l'assistance composée des
pèlerins du décanat, auxquels s'étaient joints ceux de
Laventie, Sailly, Steenwerck, Bailleul et Vieux-Berquin,
montra, par sa piété et sa ferveur, combien était grande
dans toute la contrée la dévotion à la Vierge du Mont-Carmel
honorée à Estaires.
2- Extrait de "Souvenirs du pays d'Estaires" par Dom Eugène
Arnould - p. 182
En 1607, l’évêque de Saint-Omer, Blaséus,
établissait en la paroisse la Confrérie du Mont-Carmel, le
dimanche de Quasimodo, 25 avril, à la requête du pasteur
d’Estaires et des officiers du magistrat.
La chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel était à côté du
chœur de l'église paroissiale, portant la date de 1577, avec
le nom d’Anne de Pallant. En 1698, Pierre Bonnel cédait 100
livres à cette chapelle. La Confrérie du Mont-Carmel
subsista jusqu’à la Révolution. Dans ces jours néfastes, la
famille Notin put soustraire la sainte image aux
profanations. En 1855 eut donc lieu la
cérémonie de translation de la statue, de l’église
paroissiale à son nouveau domicile. La Vierge, de grandeur
nature, au port noble, à la douce physionomie, tient un
sceptre de la main droite et son divin enfant sur le bras
gauche. Elle demandait à être habillée : on lui fit une robe
et un voile splendides, on mit sur la tête de Notre-Dame et
sur celle du petit Jésus des couronnes fleurdelisées ornées
de pierreries. Tout cela se fit chez nous, par les soins de
notre chère mère, de Mlle Clara Taffin, et autres dames.
Le cortège se mit en marche, et l’on y voyait les statues
des saints Vaast, Amé, Antimond, premiers apôtres
d’Estaires, destinés à former la cour de la Vierge avec
saint Pierre, dans la chapelle. Nombreuses confréries de la
ville et environs prenaient part à la cérémonie. La foule
était compacte depuis Estaires jusqu’au nouveau sanctuaire.
M. le doyen de Merville le bénit. Le vénérable P. Camille,
supérieur des Capucins d’Hazebrouck, donna le sermon en
plein air. C’était une fête médiévale, une ombre de saint
Bernard à Vézelay.
3- texte affiché dans la chapelle
...
A la mort de M. Pierre Dubuche, la chapelle fut donnée à la
famille Lahousse. En 1919, les propriétaires étant
disparus au moment de l'évacuation, les héritiers mirent
en vente la chapelle. Marthe Lefrancq, en religion Sœur
Gabrielle des filles de la Charité, l'acheta et à sa
mort, en fit le don à Mme Tacquet-Lefrancq, sa sœur, qui
la légua à son tour à Me René Tacquet, son
fils.
4- Mémoires de l'Abbé Boedt, curé d'Estaires de 1882 à 1912 –
p.48 - année 1886.
Nous avons à relater un fait
regrettable, un véritable sacrilège. L'église possédait
une vierge vénérée avant la révolution, sauvegardée pendant
la tourmente par une famille. M. Ducroquet voulut bien la
confier à Pierre Dubuche qui s'offrait à bâtir au Trou-Bayard une chapelle. Mon prédécesseur espérait par là,
établir un centre de dévotion dans ce quartier peu
religieux. Il favorisa l'entreprise et les vicaires se
mirent en quête. La chapelle fut bâtie sur le terrain du dit
Pierre Dubuche, avec les aumônes partout recueillies. Des
ex-voto furent apportés. Depuis 2 ans, je m'étais
efforcé de donner au pèlerinage un élan nouveau et surtout
un cachet de plus grande piété. Le St Sacrement était
conservé durant la neuvaine, les communions y devenant de
plus en plus nombreuses. Pierre Dubuche était un
excellent jeune homme, mais, malheureusement, le brave homme
comptait par trop sur la Providence et il se croyait appelé
à vivre rien que des magnificences de la Ste vierge. Pour le
débarrasser de sa gêne pécuniaire, je lui avais offert 6 000
F pour sa propriété et la chapelle, le logement dans sa
maison et 300 F de traitement pour l'entretien de sa
personne et de la chapelle. Il avait accepté de grande joie,
mais des influences étrangères vinrent le dissuader et il
mourut sans avoir rien statué. Son frère ne chercha que
l'argent et la chapelle du Trou-Bayard fut vendue avec les
ornements et les ex-voto à Melle Lahousse (sic en gras et
souligné). Elle espérait, grâce aux neuvaines, favoriser
le triste métier de son père, défaiseur de tours. On dit
qu'il se fait de beaux revenus avec ce métier; Toujours
est-il que la malheureuse favorisa la superstition. Je ne
pus, après un achat aussi sacrilège, dont acte a été passé
clandestinement devant un notaire de Laventie, autoriser le
pèlerinage de ND du Mont Carmel et l'Évêque de Cambrai approuva ma
conduite.
5-Mémoires de l'Abbé Vaillant, curé d'Estaires de
1919 à 1930 – p. 8 - année 1919.
... Notons la reprise des neuvaines de quartier : réunions du
soir et du matin à la Chapelle St Roch, à la chapelle N.D.
des Enfants, au calvaire du Pont Poivre. A tout péché,
miséricorde : M. le Curé fait lever l'interdit lancé, il y a
40 ans, sur la Chapelle du Trou-Bayard ...
|
|
|