Histoire de la Reconstitution
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Retour d'exilLe 11 novembre 1918 quand sonna l'Armistice dans tous les clochers de Flandre, la ville d'Estaires, monceau de ruines, de murailles branlantes, était vide d'habitants. Quelques braves poilus et quelques rares voyageurs firent une apparition courte mais durent s'en retourner en arrière, comme la colombe de l'Arche. En décembre 1918, quelques fermiers et quelques citadins vinrent tenter de reprendre possession de leur coin de terre et des pans de murailles subsistant encore. Ils furent bien rares ceux qui trouvèrent un logis couvert, mais toutefois éventé par multiples courants d'air. Les vivres faisant défaut, il fallait remonter à 22 km pour se fournir de pain. Le premier de ces braves fut M. Jean Défossez, fermier rue du collège. Nommé curé d'Estaires en janvier 1919, je pus tenter, à mon tour, une installation de fortune dans un réduit de la ferme de M. Défossez : chambre basse de domestique, sans carreaux de vitre, munie d'un lit quelconque, d'un semblant de table de nuit qui fut longtemps mon secrétaire et mon coffre-fort. L'espace libre était réduit : 3m de long sur 1m de large. M. l'abbé Suel, vicaire, voulut bien partager cette situation
de missionnaires et le culte religieux se rétablit peu à peu. La rue du collège,
quelque épargnée fut le noyau de cette nouvelle paroisse. Les premiers travaux de restauration furent pénibles,
l'intempérie de la saison compliquant les choses ... la neige filtrait par les
jointures des pannes et couvrait parfois l'autel et le célébrant. La nécessité rend l'homme ingénieux: grâce aux boiseries, aux panneaux enlevé&s furtivement dans les habitations en ruines, nous pûmes de nos mains doubler nos huttes, les rendre habitables et dignes de recevoir notre famille restée en exil |
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Retour de l'Hospice et du CollègePeu à peu, la population augmente : chaque dimanche amène un contingent qui remplit vite l'humble vaisseau d'église et produit un débordement. Les derniers arrivés sont condamnés à entendre la messe le long des 2 côtés du baraquement, ce qui est un fâcheux état de choses lorsqu'il pleut. M. le Maire, installé à Lille, reste sourd aux réclamations du curé et des fidèles de sorte qu'il faudra supporter cette triste situation durant 2 ans. En fin d'année, le chiffre de la population s'élève à 3000. L'HospiceLes bonnes soeurs, filles de la Charité, rentrent à leur tour de l'exil et ramènent de Lourdes un train spécial de vieux, de vieilles, d'orphelins, d'orphelines au nombre de 70 personnes. C'est tout un événement. Un sage et prudent économe, M. Daniel Roche, a su leur préparer dans les classes des anciennes Dames Bénédictines et le prétendu Château Clara, des abris merveilleusement aménagés. L'oeuvre va en se développant avec une activité fébrile. Une chapelle en 1/2 lune s'ouvre et sous l'intrépide direction de Soeur joseph qui ne doute de rien, un "OUVROIR" va recueillir nos jeunes filles et s'enrichir de 60 machines à coudre au pied : bientôt on entendra le "teuf-teuf" d'un moteur à essence, qui lui-même cédera la place à l'électricité. Soeur Joseph a raté sa vocation, celle de mécanicienne ! Le CollègeC'est également dans le courant de cette année que s'ouvrira le Collège du Sacré-Coeur. M. l'abbé Loridan, son dévoué supérieur est sur les lieux dès le début. Il accepte l'hospitalité de la pauvre hutte curiale et entreprend courses et démarches pour des installations de fortune : abris, 1/2 lunes, baraquements, "briques entre poteaux" : ce sera original mais le Collège sera improvisé dans l'année. |
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ÉvénementsLe 15 août, une première procession du Saint-Sacrement, la seule du décanat. Elle est simple parce qu'elle n'a qu'une bannière de la Ste Vierge comme décors mais grandiose comme démonstration de foi. Les dames précèdent le pasteur en chape, les hommes suivent en long défilé. Le 2 novembre, fête de la commémoration des fidèles poilus de la guerre tombés sur le champ de bataille : foule débordante : sermon de circonstance de circonstance par le Père Inglart, missionnaire diocésain, absoute au cimetière, discours du maire. |
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Durant cette année, le nivellement de la ville s'opère. C'est le vide complet : les baraquements disséminés à droite et à gauche forment un vaste campement dans un désert.
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