Une chapelle de 1680

Carte Cassini de 1756

 

Sur cette carte qui date de 250 ans, que peut-on retrouver de l'Estaires actuelle ?

 

Vous remarquez les 2 bois, résidus de la grande forêt qui couvrait autrefois notre région;

le Petit Bois sur la route du Doulieu, qui a laissé son nom à une de nos rues.
et le Grand Bois,  au bout de la rue de la chapelle, ses 3 drèves bien droites
et  la ferme Delassus appelée également "Ferme du Grand Bois"

 

Le Moulin de la rue de Neuf Berquin dont la butte est toujours visible, rue Kennedy;
Regrettons que le café voisin ait abandonné récemment son enseigne "A la porte du Moulin"

 

Pour ce qui nous intéresse aujourd'hui,

suivons la  route de Neuf-Berquin, vous voyez "Matis Bailleul

Que signifient  ces mots ?  Le dessin nous donne un indice ...
 

Vue agrandie   Vue de face
 

1680 : une chapelle à la Ste Vierge

C'est une vieille chapelle toute simple. Tout juste remarque-t-on l'ancienneté de ses briques et les quelques marches qu'il faut descendre pour atteindre la porte.

Autrefois, on y venait de loin "SERVIR" pour la coqueluche, c'est à dire que pendant 9 jours, on venait y réciter un chapelet pour demander à la Vierge la guérison d'un malade.

Érigée en 1680, cette chapelle est probablement le plus vieux bâtiment d'Estaires. Elle est située à l'angle  de la rue Kennedy et de la rue de la Chapelle

A l'intérieur, une dalle que nous déchiffrons avec difficulté :

Ici gît Mathieu Bailleul, fils de Mathieu et de Marie Leroy,
lequel par un grand zèle et dévotion qu'il avait 
pour le culte de la Sainte Vierge 
a fait bâtir cette chapelle en son honneur en l'an 1680
ayant ainsi donné en légatant son patrimoine pour l'entretiennement
et décoration de cette chapelle
après avoir pieusement vécu en célibat
est décédé le 21 juillet 1694 âgé de 80 ans.

100 ans plus tard, en 1789,

La chapelle est encore administrée par les descendants de Mathieu Bailleul, comme le montre cet extrait du Cahier de Doléances du curé d'Estaires adressé à l'Assemblée de Bailleul.
 

. . .
4- MM. les Administrateurs supérieurement mercenaires se sont emparés de la manutention de la chapelle de N.-D. d'Intercession, laquelle avait été sagement administrée par les parents de feu Matthieu Bailleul, fondateur en partie de ladite chapelle, conjointement avec le curé de la paroisse.

Mais cette fondation n'ayant pu subsister parce qu'elle n'était pas revêtue des formalités prescrites par les lois du royaume, nos dits magistrats n'ont point hésité sans aucune autorisation de soutenir un procès aux dépens de ladite chapelle et, tant le sieur Bailli que son lieutenant, n'en ont pas moins soustrait la somme de 1284 livres de France, sans compter ce qui n'est point parvenu à ma connaissance.

. . .
Ainsi fait en notre maison curiale le 29 mars 1789.

Signé : A. DASSONVILLE, chanoine régulier de l'abbaye de Chocques, curé des ville et paroisse d'Estaires.

De nos jours

Cette chapelle est le seul patrimoine historique qui a survécu à la guerre 14-18. La commune n'en est pas propriétaire mais il ne serait pas anormal que, dans le cadre de son programme culturel, elle veille à son maintien en bon état et participe à  son entretien.

Elle a été récemment rénovée par l'équipe de bénévoles de Guy Chavatte. Hélas, la statue d'origine a dû être enlevée sur avis des Monuments Historiques par peur des voleurs amateurs d'antiquités.

Elle est ouverte à l'occasion du "Rallye des Chapelles" du Collège Sacré-Coeur. C'est l'occasion de la visiter.