Maurice GAMELIN (1872-1958)

Pour beaucoup, le Général Gamelin est LE responsable de la défaite de  1940.

Pourtant, il ne faut pas oublier qu'il fut d'abord un grand soldat  : en 1914, il se trouvait être Chef du cabinet du généralissime Joffre et, à ce titre, il prit une part active à l'élaboration de la manœuvre de la Marne et à la rédaction du fameux ordre du jour aux armées qui précéda la bataille.

Il fut ensuite appelé à commander en chef le corps expéditionnaire qui, vers 1924-1925, fut chargé de ramener l’ordre dans le Moyen-Orient : la Syrie, le Liban ..., opération qu’il mena à bien.

Quant à sa responsabilité dans la défaite de 1940, les historiens modernes sont plus prudents !

Ses origines estairoises

Originaire d'Estaires par son père, qui, tout jeune, quitte sa ville natale pour entrer à Saint-Cyr, il fait partie en effet d'une très ancienne et très notable famille adonnée à la fabrication et au négoce de la toile.

Son père, le général Zéphirin Gamelin, blessé comme officier à Solferino, devait devenir, par la suite, contrôleur général d'Armée.

Tous deux n'oublieront jamais leurs racines estairoises :
- en 1900, c'est le Général Zéphirin Gamelin, accompagné de son fils officier, qui inaugure le monument aux morts de 1870 et procède à la remise de la médaille commémorative  aux quelques vétérans estairois qui y vivent encore.
 

- le 29 octobre 1933, le général Maurice GAMELIN, chef d'état major général des Armées,  vient à son tour inaugurer  le monument aux morts de la guerre 14-18 et  présider cette journée de deuil et d'hommage aux morts de la Grande Guerre.

Sa jeunesse

Né à Paris, où son Père est en garnison, le petit Maurice vient souvent passer ses vacances chez son oncle Auguste Gamelin qui est fabricant de toiles, rue des Portefaix, à Estaires. La maison qu' évoque Maurice Gamelin chaque fois qu'il parle de ses vacances, n'existe plus et la rue même a changé de nom, elle est devenue rue du Rivage.

Après de brillantes études, tout naturellement, Maurice choisit la carrière militaire et intègre l’école de Saint-Cyr dont il sort major de promotion en 1893 puis l’École de Guerre d'où il sort deuxième.

Esprit fin, cultivé, travailleur et doué pour les études de tactique militaire, il se fait vite remarquer  de ses supérieurs.

Remarqué par Joffre

1906 marque le tournant de la vie de Gamelin. Cette année là, en effet, il est nommé officier d’ordonnance du général commandant la 6e division d’infanterie ... un certain général Joffre.

Dès lors, sa carrière se confond avec celle de Joffre. En 1908, il le suit à l’état-major du 2e corps d’armée, puis en 1910 au Conseil Supérieur de la Guerre.

La guerre 14-18

Gamelin est toujours son collaborateur dévoué lorsque commence la première guerre mondiale. A ce poste, il fait preuve d’un zèle et d’une efficacité de premier ordre, surtout lors de la bataille de la Marne.

C'est lui qui rédige, sinon le fameux ordre du jour de la Marne, du moins les instructions qui aboutissent à la grande victoire du 8 septembre 1914 ... lui encore qui se distingue à la bataille de la Somme (1916) ...

Soucieux d’économiser la vie de ses hommes, il n’en témoigne pas moins d’une grande habileté tactique, comme le prouvent ses combats dans la région de Noyon, aux heures critiques du printemps 1918.

Chef d’état-major général

Après la guerre, le général Gamelin effectue, avec succès, différentes missions au Brésil, en Syrie ...
Ces succès lui donnent un grand prestige et lui valent d'être nommé au Conseil Supérieur de la Guerre avec Weygand, à qui il succède en janvier 1935. Désormais, il est le véritable chef de l’armée française.

La guerre 39-45

Nommé généralissime des forces franco-britanniques, il estime la ligne Maginot et les Ardennes infranchissables, il est donc persuadé que les Allemands attaqueront en Belgique comme en 1914.

Le 10 mai 1940, l'attaque prévue a lieu. Aussitôt, Gamelin fait avancer ses meilleures troupes vers le nord  pour épauler l'armée belge et protéger le territoire français par une stratégie de défense avancée.

En fait, il se trompe complètement sur le centre de gravité de l’attaque allemande. La Wehrmacht a feint une offensive aux Pays-Bas et en Belgique pour couvrir une percée plus au sud, dans les Ardennes.

Le 13 mai, ses blindés percent le front et foncent vers la mer du Nord, suivis de l’infanterie. Ils prennent les Alliés à revers et par surprise, là où leur dispositif est le plus faible, et les coupent de leur base logistique.

Gamelin est bien tombé dans le piège. Pire, il n’a pas prévu de réserve pour riposter à une éventuelle surprise opérationnelle. Il n’y a donc aucune force capable de briser la tenaille allemande. Le 19 mai, il est remplacé par le général Weygand qui ne pourra rien faire pour endiguer le flot allemand.

Les causes de la défaite

Beaucoup lui reprochent  la défaite de 1940. Malgré des décisions douteuses, il n’est sûrement pas le seul responsable.

On peut se demander, en particulier, quel rôle a joué sa santé : en effet Gamelin souffrait de syphilis à un stade avancé et il est possible que cette maladie ait eu un impact négatif sur son jugement et ses décisions.

Indécision politique, rigidité doctrinaire, erreurs de commandement, supériorité allemande : les historiens continueront longtemps de se disputer sur les causes de l’effondrement français de 1940.