La tragédie du Pont d'Estaires : 11 octobre 1914

Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le Nord de la France est envahi. L'ennemi progresse, poussant devant lui des milliers d'évacués. Début octobre, les troupes ennemies envahissent Estaires. Seuls les trois ponts continuent à résister.

Le dimanche 11 octobre eut lieu " la tragédie du Pont d'Estaires ". En voici le récit des rares témoins survivants.

”Les avant-gardes allemandes arrivées au pont se trouvent face aux Dragons français qui tiennent toujours les barricades du pont d’Estaires et les accueillent par une fusillade assez vive. Les Allemands n’osent franchir le pont. Pourtant il faut passer.
Ils n’imaginent alors rien de mieux que de se servir de civils comme bouclier vivant. Ils rassemblent les prisonniers qui étaient en leurs mains plus une vingtaine d’autres choisis parmi la population civile et les font aligner devant eux.

Les Français hésitent un instant : ils tirent au-dessus des têtes des malheureux civils. Les cavaliers allemands en profitent pour se lancer sur le pont. Les Français vont être débordés, il faut se résigner : leur tir devient plus précis : des cavaliers tombent mais les civils également, l’un après l’autre.

Bientôt les civils français ne sont plus que trois. Les Français prennent alors le parti de canonner le pont pour le rendre impraticable. Les trois civils tombent mais réussissent à se traîner à l’abri d’une maison.

A leur tour, les Allemands mettent leurs pièces en batterie, détruisant les maisons voisines et écrasant sous l’éboulement des murs les blessés qui s’y sont réfugiés. L’action est terminée : les Allemands ne sont pas passés.”

Quelques jours plus tard, ils reculaient jusqu’à Armentières où le front allait se stabiliser pendant 4 ans. Parmi les morts se trouvait en particulier M. Louis Blanquart, adjoint au maire, un administrateur intègre et dévoué.

C’est en son souvenir que la place proche du Pont porte ce nom et que la plaque ci-dessus y fut scellée.