Aliboron

La révolte des Gueux

Vers 1566, une révolte violente secoua les Pays-Bas et les territoires avoisinants. Ce fut la "Révolte des Gueux" du nom qu'avaient pris eux-mêmes les insurgés. A la vérité, sous couvert de protestantisme, ce fut plutôt une insurrection contre la domination espagnole.

La région de Bailleul, Le Doulieu, Estaires, Lestrem et Merville fut dévastée par ces hordes qui pillaient couvents et églises et incendiaient les bâtiments. En 1577, les Huguenots brûlent la ville  et recommencent en 1586 en incendiant l'église d'Estaires et les chapelles du Doulieu et du Houque.

Ces énergumènes pour la plupart étrangers au pays, fort peu respectueux du sacré, promenèrent, dans une parodie de procession, un authentique Aliboron, sous le dais, le jour du 15 Août. De ce fait, les Estairois se virent gratifier du sobriquet de baudets d'Estaires, nos voisins ne furent pas mieux lotis puisqu'à La Gorgue, c'est un bouc qui fut exhibé et à Merville, les Gueux, encore plus malicieux, enfermèrent un chat dans le tabernacle et voilà pour les Magots et les Caous

D'autres sources placent un évènement identique en 1793.


Aliboron 1er (en 1905)


Aliboron II
Photos Maurice Depuydt

L'Union Bienfaisante

En 1875 des personnes charitables se constituèrent en groupement, créèrent l'"Union bienfaisante" et organisèrent des fêtes pour alimenter la caisse de secours aux déshérités.

A ce titre, en 1880 ils organisèrent la première cavalcade. C'était le jour de la mi-carême, date qui fut changée en 1891 où on adopta celle du lundi de Pentecôte.

Les premiers Aliborons

Ayant le sens de l'humour et connaissant le sobriquet attribué aux Estairois, ils imaginèrent d'incorporer dans le cortège un groupe de 12 baudets en osier montés par de joyeux lurons. Ces baudets avaient été réalisés par M. Brame, bourrelier de son état, taxidermiste à ses heures et premier président de l'U.B. Il avait aussi naturalisé un cheval qu'il avait placé dans sa vitrine pour attirer les curieux. Est-ce lui qui eut l'idée du 1er Aliboron ? On peut le penser.

Toujours est-il que les cavalcades suivantes s'agrémentèrent d'un baudet géant, pas très joli, un peu efflanqué, mais qui connut un grand succès.

Cela devait durer jusqu'à la Grande Guerre. Avril 1918 devait voir malheureusement la destruction d'Estaires et celle d'Aliboron 1er.

Il fallut attendre 1926 pour trouver son remplaçant : Aliboron II était plus haut que son prédécesseur et, amélioration sensible, : il avait la faculté "d'arroser les étrangers" et de projeter oranges, cacahuètes et bonbons.

Détruit pendant la guerre, dans des circonstances inconnues, Aliboron II n'avait pas eu de successeur.

Lors des cavalcades, c'était un âne vivant qui représentait la mascotte de la ville.

Aliboron III

En 1948, les membres de l'Union Bienfaisante se mettent en tête de redonner à la ville "son Aliboron". Dieu sait si, en cette époque encore difficile, ce n'est pas chose aisée de mener à terme un tel projet.

Ils prennent contact avec un couple d'Hazebrouckois, M.Mme Maurice DESCHODT-PATTEIN, tous deux peintres et très attachés à leur terre et à son Folklore. Ils avaient déjà donné vie à "Tisje-Tasje" d'Hazebrouck, "Gargantua" de Bailleul, "Jean le Bucheron" de Steenvoorde ...; ils vont maintenant "s'atteler" au Baudet d'Estaires.

Et c'est ainsi que le dimanche 16 mai 1948, jour de la Pentecôte, quelques membres de l'U.B. prennent la route d'Hazebrouck pour aller chercher leur Aliboron !

Avec bien des difficultés, il fallut même lui tailler un passage à travers la haie qui entourait la maison de M.Mme Deschodt, Aliboron put enfin atteindre Estaires.



C''est lui qui clôt toutes nos cavalcades
en compagnie des "Étrangers douchés"