La Paroisse d'Estaires

Fondation

Saint Vaast reçut de saint Rémy la mission des Morins et dressa un autel à Estaires.

En ayant été le premier apôtre, il en reste le patron de la paroisse. Saint Antimond évangélise Estaires en 505; saint Amand y passe en 610, d’après Martin Lhermite, l’auteur du : "de Morinis et Morinorum rebus."

D’après le chroniqueur Sigebert, saint Amé aurait été abbé de Merville de 685 à 690.

En 879, la Flandre est attribuée à l’évêché de Noyon, et saint Éloi parcourt les Pays-Bas et s’avance jusqu’en Danemark et en Suède. C’était de ces régions lointaines que constamment à cette époque sortaient des hordes pillardes, l’effroi des Gaules. En 880, les Normands arrivent à Minariacum sur leurs barques légères, et la ville romainerenversée de fond en comble ne se relèvera plus.

Au Xe siècle, les débris de Minariacum servent en partie à édifier une église située à l’emplacement de l’église actuelle construite en 1855. C’est dans la démolition de celle qui la précédait que la découverte de parties romanes et de débris romains nous révèlent la date d’édifices antérieurs. On voyait en effet, deux pignons au transept, d’un genre tout primitif, œuvres en blocage, portant vers leur sommet une suite de vivres géminés. Au XVIe siècle, on les avait percés de fenêtres ogivales. Quand ils furent renversés, on  recueillit dans leurs matériaux des morceaux de chapiteaux, de fûts de colonnes et de divers ornements architectoniques de style antique en marbres rouge et blanc, provenant probablement d*un temple de Minariacum, et dans d’autres parties de l’édifice on découvrait des arcades à tores rompus, chevronnés, des vestiges de peinture ocrée à ornements brun rouge. Mais la plus précieuse antiquité trouvée alors fut une borne milliaire coupée en deux dans sa hauteur et portant une moitié d’inscription : CAES. IMP. avec des chiffres romains. Creusée dans sa partie supérieure, cette borne en grès avait dû servir de bénitier, au moyen-âge.

En 1106, le seigneur d’Estaires Jehan assistait à la dédicace de l’église d’Arrouaise. Cette abbaye, fondée en 1090 par Heldemaer et Conon, sur la commune de Rocquigny en Artois, ancienne limite des comtés de Flandre et Vermandois, aura sous sa dépendance l’abbaye de Chocques, et celle-ci fournira des curés à Estaires, jusqu’en 1789.

Le comte de Béthune Robert V, d’après un accord fait par lui avec Didier fils du châtelain de Courtray et évêque de Terrouenne, et d’autre part; l’évêque de Terrouenne(*) , Jean, par le conseil de Guillaume, cardinal de Sainte-Sabine, légat du Saint-Siège et archevêque de Rheims, partagent en deux la paroisse d’Estaires et La Gorgue en 1190. Le chapelain de La Gorgue reçoit avec Estaires la dîme des droits de mouture et de pêche du moulin. Le comte présente les curés le jour de la dédicace. Celui de La Gorgue paie 12 deniers à celui d’Estaires. L’accord sera exécuté après la mort de Simon Gomer, curé d’Estaires. (Annuaire du Nord.)

En 1221, l’évêque de Terrouenne, Adam, règle un différent survenu entre Chocques et Beaupré, abbaye cistercienne, au sujet des dîmes et oblations d’Estaires et La Gorgue. (Société Dunkerquoise, 1857.)

(*) Terrouenne ou Thérouanne une des douze cités de la Belgique seconde avait été fondée par le romain Teruannus. Elle eut de bonne heure un évêque suffragant de Rheims et duquel relevait le pays d'Estaires.

Michel de Harnes, le même qui, en 1218, échangea avec la comtesse Jeanne la châtellenie de Cassel dont il la mit en possession, fonde la chapelle du Douxlieu qu’il donne à l’abbaye de Chocques. A cette époque, le comté de Harnes dans lequel était le Douxlieu, paroisse d’Estaires, cesse de faire partie de l’Artois. (Comité Flamand, 1859.)

Le seigneur de Brekin, Jean, se vit délivré de la captivité chez les infidèles par le soin des religieux Trinitaires. En reconnaissance, il leur céda la chapelle de Coyoord ou Covorde, à Estaires. Mabille qui avait d’abord épousé Jean, fils du comte de Réthel, châtelaine d’Ypres et de Bailleul, confirma la donation. Le monastère de la Trinité a laissé son nom à un îlot situé à quelques minutes d’Estaires, vers le bois d’Estaires, et proche le courant de la Meterbecque. Donc ce côté conservait le nom du "vicus covordus" que visita l’évêque saint Vaast. « Les tombeaux anciens, dit Vredius, qu’on voit en cet édifice, sont des familles de Bailleul, Antoing et Douxlieu, seigneurs de l’endroit où ils succédaient aux de Béthune. » Il semble qu’il s’agisse de la chapelle du Douxlieu et non de celle de Covorde ; nous verrons plus tard qu’il y en avait une en chacun de ces deux endroits.

Bauduin de Mernes, chevalier, en janvier 1234, donne, pour le repos de l’âme de sa femme et de ses prédécesseurs à l’église Saint-Barthélemy de Béthune, 10 sols parisis à prendre près de la Carnoye sur la paroisse d’Estaires. Robert VII de Béthune, en août 1239, fait hommage à Pierre de Roy, évêque de Terrouenne, de la troisième partie des dîmes qui lui appartiennent dans la paroisse d’Estaires. Celle de Neuf-Berquin en était déjà séparée. (Annuaire du département, 1834.)

 L’église d’Estaires est incendiée par les Anglais avec la ville, vers 1337. Il ne reste du temple, qui était probablement du Xe siècle, que les deux pignons dont il a été question ci-dessus.

Jean de Haveskerque, qui avait été arm2 chevalier à la défense d’Audenarde contre les Gantois, "meurt à la guerre", et son corps repose près de celui de sa femme en l’église d’Estaires, " où il avait fondé une basse messe tous les vendredis de l’année, comme on le voit par le cartulaire de ladite église. » (Généalogie des d’Haveskerque.)

Henri d’Antoing, seigneur d’Estaires par son mariage avec Marie de Haveskerque, avait sa tombe dans l’église d’Estaires : Sépulture de marbre au chœur, du côté du septentrion, sans aucun quartier, fors qu’il y avait un priant couché avec cette écriture :

Cy gist messire Henri d’Antoing,

Seigneur du Plaisel et de Haversienne,

Jadis chevalier et chambellan au roi notre sire

Qui trépassa le 11 d’oclobre 1393.

 

Un chapelain est établi au château d’Estaires en 1486. L’acte de cette fondation dit :

« Sqavoir faisons que ce jour d’hui nous avons veu leu et obligément visité Lres en papier... signées en bas... des quelles la teneur s’en suit Engelbert d’Enghien, seigneur de Ramerie, de la Folie, Tubise et Estaires, et Marie d’Antoing sa chère et aimée compagne, dans lesdicts lieux, hoirs et héritiers de deffunct messire Henri d’Antoing, et de dame Marie de Clary, jadis ses père et mère, salut.

En mettant à exécution le bon plaisir et volonté desdicts deffunts qui en la fin de leurs jours mourut, propose et ordonne pour le salut, remède et acquit de leur âmes et de tous trépassés faire faire une chapelle au chastel d’Estaires, au diocèse de Terrouenne, et de à l’ostel d’icelle faire faire un biau imaige de Nostre Dame, laquelle chapelle et imaige y soient faicts bien et convenablement, mesmement avaient proposé de faire fonder six messes par chacune semaine appétente, nous estant sain de pensée et de entendement et pour l’accomplissement du bon propos et vouloir desdicls deffuncts, considérant qu’il n’est chose plus certaine que la mort ni moins certaine que heure.

Ayant devant nos yeuz clère connaissance et ferme créance que de l’avanchement du salut des âmes des deffuncts, de nous, nos ancesseurs, successeurs et de tous trèpassés dont nostre Créateur et Rédempteur volrait estre ores et prous est de édifier endements que l’on est en pleine vie oeuvre qui soit méritoire, à la louange de notre dict Créateur et Rédempteur, de la glorieuse Vierge Marie sa mère, de la benoiste Trinité, et toute la court célestienne du Paradis la grâce desquels nous implorons et requérons très humblemens à nostre ayde, et aussi que le divin office est... à nostre dict Créateur, avons proposé de fonder.... »

Après ce préambule si empreint de l’esprit de foi, Marie d’Antoing, autorisée par son mari, déclare fonder six messes par semaine à perpétuité pour les défunts susdits « à la dévotion du chapelain » à dire au château d’Estaires, et nomme pour premier chapelain « honoré et discrète personne curé Symon Donze, » du diocèse de Cambray, avec charge de faire l’eau bénite  "au devant dict chastel",  moyennant « 48 livres et 15 sols de 40 gros la livre monnoye de Flandres, » à prendre sur une pièce de terre entre Lille et Esquermes, cédée à ladite chapelle. L’acte est copié par le greffier de la collégiale Saint-Pierre de Lille, 9 octobre 1501, à la requête de Philippe de Stavèle, chevalier de la Toison d’or, seigneur d’Estaires.

Un mémoire d’Estaires contre le chapitre Saint-Pierre de Cassel nous apprend que la paroisse d’Estaires était alors la plus peuplée de l’évêché de Saint-Omer. On y lit aussi que « le fils aîné de Jean de Stavèle était mort le lundi de Pâques, 10 avril 1531, et la dame de Mailly, sa femme, le dernier jour de mai 1543, tous deux estant enterrés dans le chœur de l’église ; leur. mausolée était en cuivre, du côté de l’épître. » Ce tombeau, ajoute Vredius,  de grande hauteur,  présentait sur le devant les effigies des deux époux. Il avait été élevé par Françoise de Mailly, à son mari. Le mémoire ci-dessus nous fait connaître que Philippe de Stavèle naquit en juin 1511.

Le 7 février 1535 : à tous ceux qui ces présentes verront, avoué et échevins d’Estaires en Flandre, salut. Comparant en leurs personnes Mme Françoise de Mailly, veuve de noble homme Jean de Stavèle, en son vivant seigneur d’Issenghien, Everghem, Estaires, Haveskerque, Brequin, conseiller et chambellan de l’Empereur sir S et son haut bailli de Cassel, dame héritière de Hamel, douairière de Rubempré et desdicts lieux d’Issenghien, Estaires, etc.., et Pierre Castricq, Jean Boullet et Pierre Legay, ministres de la table des pauvres de ladicte ville et paroisse d’Estaires; d’autre part, lesquels seconds comparants ont reconnu que moyennant la somme de 83 livres et demi de gros... pour un obit, h savoir le jour des âmes après midi les vigiles à neuf psaumes et onze leçons (ou deux sic : et n lichons), et le lendemain, jour saint Hubert, commendaces et grande messe avec diacre et sous-diacre et coustes, auquel obits seraient présentes treize pauvres femmes vêtues de drap h la discrétion des ministres et manibourg de ladicte table... ils seraient tenus de escurer, chaque année aux Paques, les personnages de cuivre de ladicte église et sépulture que ladicte dame avait fait faire, nonobstant qu’il soit dit audict tableau que l’église aurait 20 gros de rente pour ce nettoyement auquel point et non autre elle veut par ces présentes être dérogé.

Après la démolition de Terrouenne, son évêché forme en 1554 ceux de Boulogne, Saint-Omer et Ypres. Estaires dépendra désormais de l’évêque de St-Omer jusqu’en 1789.


Les obsèques de Philippe de Stavèle

ORDRE QUI FUT TENU

pour aller à l’église

le jour des obsèques de feu Monsieur Philippe de STAVELE,
baron de Chaumont, seigneur de Glageon,
chevalier de l’Ordre de la Toison d’or,

le 7e jour de février, l’an 1563,
faictes en l’église d’Esterres.

 

Premier. Les enfans d’église vestus en surplys deulx à deulx la croix devant mouflée de double blason portant tous cierges ardant en la main, ensemble aultres enfans portant torches ardant, au nombre de cincquante aussi deulx à deulx l’ung après l’aultre.

En appres suyvoient le clergie, gens d’église et prélats, en ordre selon leur estat revestus d’ornemens comme il appartient à ce requis.

Item appres marchoient les officiers et gens de Ioy dudict seigneur deffunct avecques les bourgeois notables de ladicte ville d’Esterres deulx à deulx honnestement vestus en doeul.

Puis appres marchoit le premier herault seul en robbe de doeul. Appres icelui venoient les gentils hommes portant ce quy s’en sieult.

Assavoir

Item marchoit le pennon du feu seigneur seul faict de ses armes comme il appartient de ce faire,

Appres marchoit à dextre le heaulme timbre d’ung moriennne entre deulx a elles d’argent sortant d’une couronne.

Item l’ecu de ses armes à senestre assçavoir d’hermines à la bande de gueules.

Item appres marchoit ung aultre gentil homme portant l’espée accoustrée comme il appartient seul.

Item marcha appres le second hérault aussy seul vestu de sa cotte d’armes pardessus son doeul.

LES QUATRE QUARTIERS

Premier les deulx quartiers du costé maternel assçavoir Herzelles a dextre et Hallewin à senestre.

Puis appres les deulx quartiers paternel assçavoir Stavèle à dextre et Ligne à senestre. Item en appres fut mené et coaduict par deulx gentils hommes accoustrez en doeul le cheval d’honneur accoustre et houssez jusques en terre aux armes dudict deffunct.

En appres fut portée la bannière quarree seule.

Item appres la cotte d’armes aussy seule pendante sur ung tronson de lance.

Item fut appres porte le grand collier de l’ordre de la Thoison d’or attache ou assiz sur un quarreau de velours noir.

Lequel fut suivi la Thoison d’or, Hames lors ayant led estat.

Puis appres marcha le doeul. Premier, monseigneur Floris de Stavèle, fils aisne dudict seigneur deffunct conduiet par monseigneur le comte de Gullembourg, seigneur de Pallant son oncle maternel.

Item le second doeul fut monseigneur de Trélon aussi mene par monseigneur de ...

Et le troisième doeul, monseigneur de Wattines, aussy conduict par monseigneur de ...

Item appres iceulx marchoit monseigneur le baron de Rassenghien et aultres seigneurs parents dudict deffunct.

Et appres les gentils hommes et aultres notables personnes invocquez allèrent deulx à deulx jusques à la fin.

Item en cest ordre parvenu à l’église, là ou fut célébré le service divin et prédications funèbres a ce servant puis appres tout achever, chacun se mist en ordre pour retourner au logis là ou le doeul estait sorti.

 

Le Mémoire aux chanoines de Cassel dit que l’épouse de Jean de Stavèle fit exhumer les restes de son époux pour les transporter « dans la magnifique sépulture qu’elle s’était fait bâtir. » Anne de Pallant avait fait placer l’épitaphe de son mari Philippe de Stavèle au-dessus des mausolées de marbre blanc, sous une arcade pratiquée dans la muraille du chœur du côté de l’Évangile, correspondante aux mausolées de Jean de Stavèle et de Françoise de Mailly.

Grammaye cite l’épitaphe de Philippe :

 

Heroi fortissimo et Illustrissimo

D. Philippo de Stavelles, Baroni de Hautmont, Haveskercke,
 Equiti Velleris Aurei, consiliario supremi consilii status
Et tormentorum bellicorum supremo proefecto.

Qui in cunctati regni espugnatione, navali
Ad Argeriam expeditione, Solymanni et Pannonid
Expulsione, Juliaco Germanico et Gallicis bellis,
Sub Carolo Y imp. invictissimo et Philippo
His rege potentissimo summa cum laude et gloria militavit.
Vixit ann. LIII, menses V
Dies XXVII, obiit VII calendas
Januraii anni MDLXII.
Domina Anna de Pallant,
Comes de Herlies,
Domina de La Bassée, Pont d’Estaires
Res, Eresnoy etc., marito charissimo et sibi posuit.
Viator illis bene precare.

 

Les huguenots dévastèrent l’église d’Estaires deux fois de suite en 1566, 15 août et un peu après ; de nouveau en 1577. On la rebâtit en partie à cette époque, et Anna de Pallant s’y fit faire une tribune ouvrant sur la chapelle de Notre-Dame et le cimetière, avec vue sur le maître-autel. En 1587, les calvinistes de Doulieu livrent encore l’église d’Estaires au feu.

Le Mëmoire aux chanoines de Cassel relate :

 

« Laquelle incendie était notifiée par un cœur fait de bois et attaché au mur sous la tour, proche de la porte de l’escalier, laquelle date était postérieure de 45 ans à celle des nefs datées de 1542, et antérieure de 14 ans à la date de 1601 sur la corniche du pignon de la croisade (sic).

La date de 1579 sur le linteau de la petite porte à la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel, étant postérieure de 35 ans à celle de 1542 des nefs, il s’en suivrait, suivant ces dates, que les trois chapelles (absides) du chœur de Notre-Dame et de Saint-Marcoul, avaient été faites après les nefs.»

 

Sur le linteau de la porte de la tribune d’Anne de Pallant, dit le "cabinet madame" (Cette pierre avec autres débris a été recueillie religieusement par notre père M. Arnould Detournay), on lisait :

 

in nomine Domini
1 5 + 7 7
Anne de Pallant.

 

Il faut très probablement attribuer aux calvinistes retranchés au château du Doulieu la disparition des chapelles du Doulieu et de Hougues, vers 1586.

La grosse cloche d’Estaires porte cette inscription : "Laus Deo. Anne suis nommée. Ce nom m’a donné Anne de Pallant et de Luxembourg, comtesse d’Herlies et de Ia Bassée, etc., 1585."

En établissant la confrérie des archers de Saint-Sébastien, la dame Anne de Pallant et son fils Floris de Stavèle, comte de Herlies exigent que les archers feront construire dans l' église paroissiale un autel à saint Sébastien « et y solenniser les services ordinaires. »

Philippe Hannotte, curé d’Estaires en 1599, religieux de Chocques, reconstruit une nef de l’église de ses deniers, et invite son abbé Jean de Loos à en venir faire la bénédiction. Guillaume Delval est coadjuteur de Jean de Loos, le 26 octobre 1621; de Loos meurt en août 1621; Delval est abbé en 1638.

Blaseus, évêque de Saint-Omer, établit à Estaires la confrérie de la Sainte-Vierge en 1607, le 16 avril, à la sollicitation des pasteur, bailli, avoué, « eschevins pieusement esmeut par les exhortations et le zèle du B. P. Loys de Landas de la Société de Jhésus. » Le Souverain-Pontife Paul V octroya des pardons à cette confrérie d’Estaires par lettre de la troisième année de son pontificat.

 

Recueillons quelques noms de confrères et consœurs :

Haute et puissante dame madame Anne de Pallant et de Culembourg, comtesse d’Herlies et d’Estaires, veuve de Philippe de Stavèle, chevalier de la Toison d’or, grand maître de l’artillerie, etc.

Sir Philippe Hannot, religieux de Chocques, curé d’Estaires.
Maître Claude d’Averoult, chapelain.
François de Meester, baiili.
Damoiselle Marguerile Van Cappel, femme dudit chapelain
Guillaume Fauconnier
Mathieu Leclercq
Noël Dassonville
Ch.Séneschal
Me Ant. Lefebure
Jeanne du Moulin
Marie de Viary, femme à Loys de la Barre
Marie de Bourges
Enguerrand de Hermandes, seigneur de la Bretaigne
Damoiselle Catherine de la Chapelle
Damoiselle Catherine de Fralissart
Marie de Gravelingues
Catherine de Groote, femme à Nic. de la Pierre
Floris de Houplines
Henri Notel
Le sieur Jean de Vichy
Damoiselle Antoinette Accart
Jeanne Leroy
Damoiselle Anne de la Marche
Jacqueline de le Becque
Catherine Ernoult
Barbe Lemire
Vincent Cappon
Marguerite Meaux
Françoise Meurin, femme à Me Ch. Lefrançois
Ph. du Casteau
Mathis Teeten, eschevin
Jossine du Ploych
Jeanne Le Brun

Henri Wicart
Anne Courdent
Marie de Uos
Jacques Dufour
Pierre d’Aubigny
Jean Boulet
Philippe de le Flye
Damoiselle Magdeleine de Lannoy, femme de Me Robert de Lens, 1613
Sir Guillaume de le Val, pasteur, religieux de Chocques
Me Buret, coustre
Jeanne Moucque, 1614
Robert de Grincourt
Maximilien Grugeon
Jean de Lespine, 1615
Jeanne Hersin
Dame Julienne de Mérode, vicomtesse de Furnes
Nic. du Riez
Péronne Chavatte
Jean Messéan
Péronne Delassus
Floris de Woorm
Marguerite de le Bars
Anne Dehaene
Marie de Lisques
Marguerite de Bavincove
Jacqueline du Mesnil
Melchior de Baguerot
Jeanne de le Saing
Pasquette Singer
Madeleine de la Ville
Laurent Cocle
Henri de Willemal
La Faury, capitaine
M. T. Weens, 1651
Maximiliano Francisco Castro Germany.

 

Les huguenots avaient ruiné l’église et sa tour. Le 12 avril 1614, les souverains de la Flandre autorisent Estaires à emprunter jusqu’à 18 000 florins pour reconstruire la tour.

Le 14 avril 1622, par ordre du magistrat, Pierre Camp, ingénieur de Sa Majesté Catholique, « ayant fait visitation des fascines perchiées pour poser les fondements de la tour ou clochier qu’on entend ériger joindant l’église, » il les trouva cinq pieds plus profondes que la rivière « avait neuf pieds de profondeur. » Il déclara que l’on pouvait jeter les premières fondations, mais qu’il faudra « espatter le fond de deux pillers qui se posent vers le jardin des arcqbalettriers, et l’autre vers la rivière » deux pieds de plus, et démolir le pignon. La maison faisant angle de la rue près de la tour était le couvent des Sœurs Grises, et la maison suivante était celle de la société des arbalétriers dont le jardin allait jusqu’à la Lys.

En 1624, le 19 juillet, un emprunt de 4000 livres parisis fut fait pour la construction de la tour. Le battelage des cloches était réglé à 6 patards par heure. Cette même année, Guillaume Fauconnier avait remis au receveur de la paroisse 1014 livres pour la tour. La ville fit à son profit, en 1635, une rente de 250 livres au denier 16.

Mgr Christophe de France, évêque de Saint-Omer, remit en 1633, à M. Bauduin, chapelain d’Estaires, une partie considérable du corps de sainte Cordule, compagne de sainte Ursule, des reliques de sainte Déodate, vierge et martyre, et de saint Jules, martyr.

Le 6 mai 1637, Renon de Lens, greffier de la ville d’Estaires, atteste que ce même jour, devant Claude Lespillet, pasteur, Gabriel de Meester, grand bailli, Antoine Ardembourg, advoué, et lui, R. de Lens, a été ouvert un coffret contenant « un grand oche de saint Anthime, martyr et romain, une cotte de sainte Martine, vierge, martyre et romaine, » donnés à la paroisse par le R. P. Flor. de Montmorency, recteur du collège des Jésuites de Lille. Les dictes reliques ont été transférées dans un nouveau coffret en bois, dont les clefs ont été remises au curé et à l’avoué; et ce nouveau coffret a été renfermé dans une « casse d’esbène richement eslabourée et parsemée de diverses pièces d’argenterie orphevrées et chigelées que la dicte ville el paroisse ont fait faire pour estre exposées à la vénération du peuple. »

 Le susdit coffret reposait en 1857 au presbytère d’Estaires, plus une fiole de plomb où l’on croit renfermé du sang de saint Innocent, et un os de saint Médard. La « phiole » est authentiquée par Christophe de France, évêque de Saint-Omer.

Pour obtenir contre la peste qui désolait Estaires en 1635 la protection de saint Éloi, Claude Lespillet, pasteur de la ville, avec tout le magistrat, se firent inscrire sur les registres de la confrérie du saint, en la paroisse de Lestrem. En souvenir du fait, ils se firent peindre sur un panneau qui était encore, il y a vingt-cinq ans, dans l’église de Lestrem, et que M. Paul de la Gielais abrite aujourd’hui dans son château. On y voit debout saint Éloi en chape, mitre et crosse, et à ses pieds, Claude Lespillet, barbu, en surplis et aumusse sur le bras, robe blanche, à genoux, ainsi que les Estairois derrière lui, en costumes du temps et l’épée au côté.

Un arrangement avec le vitrier pour l’entretien des vitres de l’église, en 1637, porte les signatures : Jean Le Blanc, et M. Faulconnier.

Estaires reçut, en mai 1687, la visite de l’évêque de Saint-Omer, Mgr L. Alphonse de Valbelle. Ces visites des prélats seraient une source d’information pour l’état de la paroisse. Nous ne pouvons la consulter, mais nous avons une pièce qui peut en partie suppléer. Le magistrat d’Estaires écrit, en 1714, au chapitre de Cassel, pour obtenir l’érection d’une sacristie, « la sacristie est en très grand désordre et ressemble plutôt à une prison. ». En 1715, « il estoit dû à J.-B. Desruelles, maître menuisier demeurant audit Estaires, pour avoir travaillé avec toute l’instance possible à boiser les deux chapelles du côté du chœur..... Cela devait se payer de l’argent des chapelles.... qu’au vrai, tous ces deniers provenaient de la dévotion du peuple à la Sainte Vierge et au grand saint Marcoul.... » (Mémoire d’Estaires au chapitre de Cassel, vers 1745.) On ajoute que « le même Nicolon avait déjà observé en son verbal que la croisée était la partie la plus ancienne de l’église, parce qu’il avait remarqué que les murs de la nef et de la chapelle Notre-Dame n’étaient pas liés avec la croisée... pour lors cela démontrait que le chœur subsistait avant lesdictes chapelles. »


CONFRÉRIE DU SAINT-SACREMENT

Jésus est la vie : qui s’approche de lui, vit; qui s’en éloigne, meurt, n’est plus chrétien que de nom. Les nations catholiques n’ayant plus le culte eucharistique retournent à la barbarie. "Ego sum lux mundi" . Qui suit Notre-Seigneur a la vraie lumière, qui s’en éloigne trouve les ténèbres. La raison révoltée contre le Christ s’en va aux horreurs des Huguenots de 1566, de la Révolution de 1798 et de la Commune de 1871. Mais quand un peuple impie posséderait paix, richesse et puissance, il n’aurait pas le vrai bonheur : "beatum dixerunt populum cui hæ sunt; beatus populus cujus Dominus Deus ejus." (Ils ont proclamé bienheureux le peuple qui possède ces biens; bienheureux est le peuple qui sert le Seigneur son Dieu)

C’est dans le Saint-Sacrement que les chrétiens trouvent le Sauveur des individus et des sociétés, le Roi de tous les États auquel ils doivent tous hommage-lige. Le Concile de Trente, témoin des désordres que causait le protestantisme, ne sait rien conseiller de plus efficace pour sauver les peuples fidèles que de les avertir, exhorter, supplier, par les entrailles de la miséricorde de Dieu, de se souvenir de l’amour extrême du Christ donnant sa chair pour nourriture : « qu’ils montrent leur foi, leur piété, en recevant fréquemment ce pain céleste qui donne seul la force de surmonter les tentations de ce monde. »

 « Le saint Concile souhaiterait que les fidèles, en assistant à la messe quotidienne, y communiassent, non seulement en esprit, mais par la réception sacramentelle de l’Eucharistie. » Tel est le langage de notre Mère la sainte Église : « Du moins, dit-elle, je vous ordonne, mes fils, de remplir une fois l’an ce devoir sacré, autrement je ne puis plus que vous renier pour mes enfants.»

 Les jansénistes de leur côté comprennent très bien qu’en éloignant des sacrements, ils détruisent toute vie religieuse. C’est avec joie et bon espoir de conservation pour Estaires que nous y voyons, sous le pasteur R. D. Gouillart, le 22 mars 1720, s’ériger la Confrérie du Saint-Sacrement et du Viatique, par les soins de Mgr de Valbelle de Tourves, évêque de Saint-Omer. Le souverain Pontife Benoit XIII, par une bulle : "Considerantes nostræ mortalitatis fragilitatem", donnée à Rome le 18 août 1324, confirme cette confrérie d’Estaires, l’enrichit d’indulgences, et de nouveau par lettre d’octobre au même évêque, la même année, dénommant la confrérie du titre "Du Sacré-Corps de Jésus-Christ".

L’année suivante, toutes les indulgences plénières étant suspendues hors de Rome, la publication de la bulle du Saint-Père fut différée jusqu’au troisième dimanche de mai 1726. « En ce jour se fit une solennité des plus accomplies. On y rendit publiquement la bulle du Pape avec indulgences au bruit des hauthois, timbales et trompettes, avec une octave de prédication à la messe solennelle, et pour lors la confrérie du Saint-Viatigue et du Sacré-Corps de Jésus-Christ reçut toute sa perfection en cette paroisse d’Estaires. » (Extrait du Traité de la Confrérie du Saint-Sacrement sous le titre du « Saint Viatique. » Si dimisero eos jejunos deficient in via. (Si je les laisse aller à jeun, ils défailliront en route)  Marci, c. 8. (A Douai, chez Jacg. Fr. Willemal., imprimeur du Roy.)

Certainement que si tout Estaires s’était enrôlé dans cette confrérie, s'était dévoué au divin hôte du tabernacle, les  principes jansénistes, athées, maçonniques n’auraient pas eu droit de cité. Il n’en fut pas ainsi. Les gens du temps passé plus ou moins imprégnés de l’esprit de leur époque, s’approchaient à peine, à Pâques, de la sainte table ; toutefois nous verrons quelle piété montreront quantité d’Estairois même au milieu du triomphe de la Révolution. Mais déjà on sentait mouvoir sous ses pieds l’ordre religieux, et bientôt l’ordre politique et social. Quand à Paris on internait les bons prêtres qui se refusaient à servir la cause de Saint-Cyran, à Estaires on commençait également à persécuter le clergé.

C'est ainsi que, le 15 mars 1740, des mesures sont prises contre le curé Gouillart : Réduction du tarif, testaments déposés au greffe, clefs des troncs remises aux marguilliers, et autres obligations odieuses que le pouvoir civil imposait aux pasteurs, commençaient à témoigner que la satanique révolte était dans l’air.

L’épitaphe du digne curé se lisait dans l’église démolie sous nos yeux :

Hic resurrectionem generalem spectant cinres
R. D. Gouillard can. reg. abb. Sancti Joannis
Baptistæ juxta Chocgnes et pastoris in Etaires.

En 1742, le 27 juin, c’est contre son successeur, le curé J.-B. Hurtel, que le magistrat s’en prend à propos des enterrements.

C’est aussi l’époque où a été composé le Mémoire plusieurs fois cité pas nous : "La ville d’Estaires contre le chapitre de Saint-Pierre de Cassel". Hélas ! nous ne l’avons pas sous les yeux; sans doute nous y puiserions encore d’autres renseignements fort intéressants. Probablement tout n’y est pas à l’eau de rose, si toutefois il ressemble aux Mémoires, ses contemporains, adressés contre ces MM. les chanoines de Saint-Amé de Douai par le magistrat de Merville. Dans ces derniers factums on sent le souffle antichrétien, et l’on entend déjà le cri : "le clergé, voilà l’ennemi". Le chapitre de Cassel percevait une dîme sur la paroisse d’Estaires. Peut-être celle-ci prétendait-elle s’en exempter ; il semble plutôt, d’après les détails que nous avons rapportés, que l’on voulait obliger Cassel à contribuer à la restauration de l’église.


MARCHE DE LA PROCESSION

qui se fera le 8 de septembre 1763, dans la ville et comté d’Estaires.

 

LA JEUNESSE.

1. Les confrères de Saint-Christophe portant l’Enfant Jésus, tambour battant et enseigne déployée.

2. Les confrères de Saint-Sébastien marcherons (sic) en bon ordre avec ledit saint martirisé.

3. Les confrères de Saint-George marcherons en bon ordre, tambour battant, enseigne déployée, avec les reliques dudit saint, où sont renfermés les reliques des saints Innocents, saint Félix, saint Jude, sainte Marthe, saint Médar, saint Alexis, saint Deodate et saint Antime.

4. La représentation du Roi et de la Reine, précédée de deux trompettes à cheval, suivis de leurs pages et dames d’honneurs avec une compagnie de gardes du corps à la suite.

5. Un courrier leur apportant des nouvelles de l’empereur Maximin (sic).

6. L’Ange gardien montrant aux mortels le chemin du ciel.

7. Le sacrifice d’Abraham immolant son fils Isaac.

8. Le roi David louant Dieu sur la harpe.

9. Saint Michel combattant le diable.

10. L’Ange Gabriel saluant Marie.

11. Le Bethléem sera conduit par six sauvages guidés par un archange, représentera l’Enfant.lésus couché dans la crèche, sur un peut de pail, au milieu d’un Ane et d’un Boeuf, avec la Vierge Marie sa mère, saint Joseph et les anges chantants "Gloria in excelsis Deo"; ensuite viendrons les bergers jouant de leurs muses et les paysanes leurs paniers sur la tête.

12. L’adoration des trois Rois, suivis de leurs Pages, offrant leurs présents, l’Or, la Myre et l’Encent.

13. La Vierge Marie avec l’Enfant Jésus et saint Joseph fuyant en Egypte pour la persécution d’Hérode.

14. Saint Jean et l’Enfant Jésus.

15. La représentation de la Sainte Famille.

16. Le Sauveur du monde, portant sa croix, fait rencontre de sa chère Mère affligée, de sainte Marie-Magdeleine, et de sainte Véronique, essuyant sa face qui demeure imprimée sur son mouchoir; sainte Marthe et saint Jean l’Évangéliste, consolant cette mère affligée, et la prie de consentir à la mort de son cher fils; les filles de Jérusalem pleurant la mort de leur divin Maitre.

17. Saint Estienne martirisé par deux bourreaux.

18. Sainte Hélène cherchant la croix.

19. Saint Louis, Roy de France, portant la couronne du Sauveur crucifié, patron du Tiers-Ordre de Saint-François.

20. Sainte Elisabeth, reine d’Hongrie, faisant la charité aux pauvres, patronne du Tiers-Ordre de Saint-François.

21. Saint Yves, avocat, patron du Tiers-Ordre de Saint- François.

22. Notre-Dame des Anges.

23. Sainte Bertile avec l’Ange lui présentant une église.

24. Sainte Agathe martirisée par deux bourreaux.

25. Sainte Jeanne avec Jésus qui l’épouse.

26. Sainte Godelive, martirisée par deux bourreaux.

27. Sainte Agnès avec l’Ange qui l’accompagne.

28. Sainte Barbe ; son père barbare lui tranche la tête.

29. Sainte Pélagie et son évêque combattant le diable.

30. Sainte Marthe avec l’asperge et l’eau bénite.

31. Sainte Marguerite avec son favori avant sa conversion.

32. Sainte Geneviève gardant son troupeau.

33. Sainte Dorothée et l’Ange lui présentant des fleurs.

34. Sainte Claire portant la Remontrance.

35. Sainte Reine avec ses bourreaux souffrant le martyr.

36. Saint Denys portant sa tête dans les mains.

37. Sainte Christine, son père barbare la martirisant.

38. Sainte Isbergue, fille de Pépin roi de France, avec l’Ange qui la couronne.

39. Sainte Julienne avec son amant et le diable.

40. Saint Venant avec son bourreau.

41. Sainte Catherine, vierge et martyre, accompagnée de ses pages, dispute avec l’empereur Maximin.

42. Sainte Cécile avec l’Ange chantant un motté.

43. Notre-Dame du Rosaire.

44. Saint Laurent et son bourreau.

45. Saint Pierre martyr avec son bourreau.

46. La Sainte Trinité couronnant la Vierge Marie.

47. Saint Vaast, patron d’Estaires, saint Augustin et saint Omer, patron du diocèse, accompagnés de chanoines.

48. Saint Antoine, hermite, tenté pur le diable.

49. Sainte Rosalie portant en mains une tête de mort.

50. Sainte Ursule avec ses onze compagnes.

51. Saint Martin donnant son manteau au diable sous la forme d’un pauvre (sic).

52. Saint Maurice à cheval combattant pour la foy contre l’empereur Maximilien (sic).

53. Les RR. Pères Récollets marcheronts (sic) avec Notre-Dame des Anges, Notre-Dame des Sept Douleurs, saint Antoine de Padoue et la Sainte Croix.

54. Les reliques de saint Crépin.

55. Les reliques du glorieux saint Marcout.

56. Les reliques de sainte Cordule.

57. Les reliques de saint Roch.

58. Les reliques de sainte Barbe.

59. Les reliques de saint Eugène.

60. Les reliques de sainte Margueritte.

61. Les reliques de saint Sévère et de saint Honoré.

62. Les pèlerins de Rome, de Lorette et de Saint-Jacques en Galice.

63. Notre-Dame du Mont de Carmel.

64. Le grand nombre des confrères du saint Viatique marcheront dévotieusement le flambeau à la main.

65. Le Vénérable accompagné de Messieurs du clergé, avec une fort belle musique.

66. Les magistrat en corps suivront le Vénérable, portant un flambeau à la main.

67. Les religieuses de l’Ordre de Saint-François avec leurs pensionnaires, marcherons aussi en ordre.

Avec permission.

 

 

Dans cette naïve représentation de saintes avant leur conversion, dans cette mise en scène de roi, reines, anges, patriarches, bourreaux, dans cet amphigourique amalgame des époques, des costumes, du sacré, du profane, on trouve une ressouvenance des anciens mystères ; dans cette multitude de figurants on voit que la ville se mettait de tout cœur à ces cortèges, à ces processions, où le Saint-Sacrement environné de flambeaux venait après tout ce que l’imagination du Moyen Age pouvait concevoir de capable d’exciter l’attrait d’une piété nourrie de légendes souvent peu scrupuleuses en fait de convenance et de vraisemblance ; mais que restait-il d’Estairois en dehors de la cérémonie pour en être les spectateurs et se pâmer d’admiration ?  Et tout cela s’était continué jusqu’à la veille de la Révolution ! Vive le bon vieux temps !


Sous le régime révolutionnaire on verra d’autres processions à Paris et aussi à Estaires : arrière d’abord le bon Dieu et ses saints ! on pillera les églises. A cette époque on envoya à la monnaie de Lille ce qui suit :

 

ÉGLISE D ESTAIRES. – 3 novembre 1792.

Or. :
- Deux croix pesant ensemble 8 esterlins, 1 quart, 12 grains.

Argent. :
- Une grande croix, pesant avec le bois y dedans, 10 marcs, 2 onces;
- quatre bouquets, pesant 10 marcs, 2 onces;
- deux branches pesant 2 marcs, 3 onces;
- un encensoir pesant 4 marcs, 4 onces, 5 esterlins;
- une navette avec cuiller pesant 7 onces, 5 esterlins;
- un plat et deux burettes pesant 2 marcs, 7 onces, 5 esterlins;
- une couronne pesant 1 marc, 4 onces ;
- 4 autres couronnes pesant 2 marcs, 6 onces;
- une lampe pesant 5 marcs, 6 onces, 10 esterlins;
- 6 autres couronnes pesant 2 marcs, 5 onces ;
- un bâton royal pesant 7 onces, 3 esterlins ;
- une canne remplie de bois pesant 1 marc, 3 onces, 5 esterlins ;
- une quantité de cœurs, yeux, bras, jambes et hommes, pesant 10 marcs, 1 once, 3 esterl. ;
- une balle, petits cœurs, croix, boutons, benets et autres objets, pesant 1 marc, 7 onces;
- un soleil pesant 2 onces, 12 esterlins;
- un ciboire pesant 4 marcs, 4 onces, 10 esterlins ;
- un calice pesant 3 marcs, 4onces, 45 esterlins;
- une platine pesant 4 onces, 9 esterl.;
- quatre bouquets pesant 6 marcs, 4 onces, 10 esterlins.


COUVENT DES RELIGIEUSES. –
 

- Trente-un services d’argent pesant 104 1/2 onces;
- un encensoir et navette pesant 21 1/4 onces ;
- un ciboire pesant 9 1/2 onces ;
- un plat et deux pintelettes pesant 19 onces ;
- deux petits christs, petits cœurs, etc., pesant 16 3/4 onces ;
- deux branches pesant 11 3/4 onces.
Faisant un total de 182 3/4 onces d’argent.

 

ÉGLISE D'ESTAIRES. – Douzième jour du second mois de l’an II :

un reliquaire de saint Marcou,
deux petits saints et quelques plaques d’argent, du poids de 64 1/4 onces.

PRÉVOTÉ DU DOULIEU. –

Six services en argent, douze pièces et trois cuillers au café, pesant ensemble 25 1/4 onces.


CURÉS D'ESTAIRES

Jusqu’à la Révolution, les pasteurs de la paroisse d’Estaires étaient moines ou plutôt chanoines de l’abbaye de Chocques. Cette abbaye était située près de Béthune.

Celle d’Arrouaise lui donna naissance en 1130. Les seigneurs d’Estaires, d’accord avec les comtes de Béthune, donnèrent probablement l’autel, c’est-à-dire la cure d’Estaires à Chocques, comme les comtes de Béthune en 1182, lui donnèrent celle de Steenwerck. Le Doulieu était aussi un fief de Chocques.

1190. Simon ou Richard Gomer.
Après lui, La Gorgue n’est plus un secours d’Estaires, mais forme une paroisse.

1431. Charles Carpentier.

1436. Simon Donze, du diocèse de Cambray, est chapelain du château.

1599. Philippe Hannot. Claude d’Averoult, chapelain.

1613. Burette, custos. D. Guillaume, bachelier en théologie; Julien Magnet (ou Moquet ?), chapelain.

1618. Guillaume Delval (peut être le même que le D. Guillaume de 1613), plus tard abbé de Chocques. D. M. Ph. Courhet, chapelain.

1620. Louis de la Barre.

1626. Simon Pillibien, sacerdos (curé ?).

1633. Claude Lespillet.

1635. Bauduin, custos.

1649. Jacgues Marquant, custos, sacellanus.

1652. Du Jardin, plus tard abbé de Cbocgues.

1662. Massart, custos. De Calonne, sacellanus.

1664-1698. Rohart.

1676. Le Gillon, prêtre.

1676. Monniez, pasteur du Doulieu.

1678. Monnin (curé ?)

1684. Pruvost, prêtre.

1688-1699. Du Verbois, vicaire.

1696. Chavatte, prêtre;

1719. C. Dubosc, prêlre.

1720. G. F. Caremelle, prêtre.

1742. Gouillart.

1744. Hurtrel.

1767. Delbarre.

1773. Dassonville, déporté en 1790, meurt en 1794

1783. Vicaires : MM. Duhamel et Thibaut.
 Contre : J.-A. Béghin, prêtre. Maître de musique : Delrue. Maître d’école : Plouvier.

1784. Vicaires : MM. Duhamel et Machard.

1787. Maître d’instrument : W. Farcy.

1789. Sacristain : Hamelin.

1790. De Liège. Vicaires : MM. Machart et Lagniez. (Voir Révolution).
 M. Béghin restait comme prêtre sacristain.

1802. Ant.-Aug.-Jos. Gavelle.

1803-1817. Béghin Guillaume-Pierre-Nolasque. Carlier, vicaire, et Devillers, vicaire.

1821. Planchon.

1822-1854. Dourlet.

1853-1882. Ducroguet.

1882. Boët.