Les Seigneurs d’Estaires

Vers la fin du Xe siècle apparaissent les comtes de Béthune tout puissants de la Lys à Arras et au delà, de la Lys jusqu’à Steenwerck.

Au siècle suivant, Estaires se déroule sur la rive gauche de la rivière au pied d’un château élevé près du Pont d’Estaires actuel, à gauche de la route en sortant de la ville, et en face de celle de Minariacum alors en ruines, d’après Grammaye.

Dans une charte de 1071, de Liébert, évêque de Cambray, figurent Alain d’Estaires, Wilfrid de Griboval, Arnold de Calonne et Bordin du Riez, (Le Carpentier).

En 1096, nous voyons Jehan d’Estaires suivre, en Terre Sainte, Godefroy de Bouillon, et sa bannière chevauche avec celle des sires d’Haveskerque, de Béthune, de Lillers et autres chefs, au milieu d’une armée qui allait répandre la terreur parmi les Turcs, disent les chroniqueurs. C’étaient de fiers croisés que ces guerriers de Flandre. " Ô Ciel, écrivait le poète Raoul de Caen, parmi les Turcs, quelle terreur répandait leur vaillance ! "

Jehan d’Estaires assiste, en 1106, à la dédicace de l’église d’Arronaise. Il comparaît encore dans une charte de Odon, seigneur de Harnes et de Sancy. (Le Carpentier, Preuves, 82.)

C’est vers le milieu du XIIe siècle que les communes flamandes s’établissent avec l’assentiment des comtes. Celle d’Estaires restera gouvernée par le seigneur de la ville jusqu’à la Révolution.

Catherine d’Estaires, dame de la Motte de la Gorgue et fille de Jehan de Roubaix et de Liwine d’Herzeèle d’Oudenhove, épouse, en 1160, Raoul, seigneur d’Haveskerque et de Rudinghem . (SARS DE SALMON, Généalogies, mss. – LEURIDAN, Histoire de Roubaix.)

Raoul d’Haveskerque, seigneur d’Estaires, reçoit du comte Philippe d’Alsace, en 1188, la croix verte, signe de ralliement pour ceux de Flandre dans la troisième croisade où Philippe devait mourir.

En 1202, Bauduin de Haveskerque était croisé avec un Alelme de Stavèle. Les de Stavèle succéderont aux d’Haveskerque dans la seigneurie d’Estaires.

Raoul de Haveskerque avait laissé deux fils. L’aîné, Guilbert ou Gisbert, seigneur de Haveskerque, Rudinghem, Estaires et la Motte de la Gorgue, épouse Natalie, fille de Pierre de la Viefville. Il combattit avec son frère Manassès à Bouvines, où il fut pris et amené à Paris. La même année 1213, il périt au combat de Damne.

Bauduin, seigneur de Haveskerque, Estaires, la Motte de la Gorgue, épouse, en 1218, Jacqueline de Staele, fille de Roger de Courtrai, seigneur de Braele. Bauduin fut chambellan de la comtesse de Flandre. Il hérita des biens de Bernay, situés entre Estaires et Merville.

En 1235, Jean le Fosseux, seigneur de Haveskerque, Ruminghem, Estaires, Staele et la Motte de la Gorgue, épouse sa cousine Ermendrade, fille de Philippe d’Aire, dit de Saint-Omer.

Marguerite, tante de Jean le Fosseux, épouse du sire de Gryspeere, meurt le 15 janvier 1252; elle est enterrée à Saint-Bertin avec son époux, qui avait suivi saint Louis outre mer, et qui décéda en 1231. Jacqueline, mère de Jean, a sa tombe à Haveskerque en 1264, avec son mari.

Jean cède, le 7 juillet 1296, à Robert, fils aîné du comte de Flandre, vingt-cinq livrées de terre, à savoir : onze à Bruez et Robertmez, entre Estaires et Merville, et onze, quatre soudées et une demie, plus cinquante soudées et une demie dans la paroisse d’Estaires. Robert lui cède, en retour, l’usage du bois d’Estaires, le droit de pâture, et celui d’y couper, tous les trois ans, ce qu’il faut pour enfermer sa motte et sa tour de la Gorg§e.

Les filles de Jean le Fosseux, Mélisende, épouse Sidoine de Sïlly, grand veneur de Flandre, capitaine d’arbalétriers au service du roi d’Angleterre, et meurt à Glocester en 1339 ; Marguerite, dame de Staele, est femme de Jean de Ghistelle, chambellan.

Messire Jean et son épouse furent inhumés à Estaires.

Gilles de Haveskerque, seigneur d’Estaires, vers 1302, épouse Marguerite de Moetkerque.

Philippe de Haveskerque, Ruminghem, Estaires, la Motte de la Gorgue, épouse Adèle, fille de Charles, seigneur de la Vicht, maréchal héréditaire de Flandre. Son frère Jean devient abbé de Clairvaux.

Vers 1320, Philippe épouse en secondes noces Jeanne de Vinghem. Il est chambellÿn du comte Louis de Nevers, grand veneur et reward.êIl a le "brief" de sa chambre à vie. Il reçoit en fief trois cents livres de rentes de Flandre et mille livres comptant porte-monnaie. En 1326, Philippe devient grand bailli de Bergue Saint-Winoc. Sa sœur Claire épousa Louis de Laumosne, seigneur de Chaumont.

Philippe, seigneur de Haveskerque, Estaires, Steenbecque, épouse, en 1336, Marie, dame de Bossut et de Cléry-sur-Somme. Son frère Hugues est abbé de Bourgelles en 1339.

Philippe meurt en 1355 ; il est enterré à Haveskerque, et a pour successeur Renauld, seigneur de Haveskerque, Estaires, Cléry, Rubinghem, Steenbecque, Zuit-Berquin.

Renauld de Haveskerque vend à Louis de Mâle, en 1355, la Motte de la Gorgue et dépendances. Veuf de Alaïde, fille du seigneur d’Espierres, il épouse Marie de Bévère, dame de Dixmude. Tous deux furent inhumés aussi à Haveskerque.

Jean, baron de Haveskerque est seigneur d’Estaires, Ruminghem, Steenbecque et Zuit-Berquin. Son frère Renauld est seigneur de Bailleul et de Bernay, et épouse la fille du seigneur d’Oissel.

Le seigneur d'Estaires épouse Marie de Moliens. – Archambaud, aîné du second lit, est seigneur de Dixmude ; Arnould, cadet, dit le moine, parce qu’il avait pris la tonsure à Bodeloo, épouse Marguerite Adornes. – Les sœurs de Jean : Marie, dame de Cléry, épouse Henri d’Antoing, et Catherine, Jean de Rouvroy de Saint-Simon.

Fustaerd de Haveskerque était, en 1363, tout puissant auprès de la comtesse Marguerite.

Jean, le seigneur d’Estaires, meurt  " à la guerre " et est enterré près de sa femme en l’église d’Estaires.

Son fils Jean, seigneur de Haveskerque, Estaires, Zuit-Berquin, succède à son oncle Renauld ou Robert dans la seigneurie de Bailleul. Sa sœur Jeanne épouse Jean de Créquy. Jean est fait chevalier, en 1379, à la défense d’Audenarde assiégée par les Gantois révoltés.

Dans une expédition contre les Anglais, Jean fut fait prisonnier et se vit obligé de vendre sa seigneurie d’Estaires pour payer sa rançon. Sa tante Marie de Haveskerque lui succède ainsi et est dame d’Estaires.

Marie épouse Henri d’Antoing, seigneur du Pont d’Estaires, de Buggenhout, d’Obiès, fils de Hugues, seigneur d’Antoing, Espinoy et Enchin, prévôt de la ville de Douai, et d’Ysabeau d’Assche, dame de Buggenhout et de Hautpontlieu. Henri. d’Antoing fut enterré dans l’église d’Estaires.

Marie, la fille aînée d’Henri d’Antoing, épousa Engelbert d’Enghien.

Marie d’Enghien, dame d’Estaires, fit restaurer l’hôpital. Sa sœur Marguejite, éhousa Jean de Stavèle, seigneur d’Everghem et d’Isenghien.

Engelbert d’Enghien était fils d’Engelbert et de Marie, fille de Simon de Lallaing, seigneur de Quiévrain, préôt du comté de Valenciennes, et était seignfõr de Ramerie, Tubise, La Folie, de Cléry.

En 1426, les deux époux font des donations à l’hospice des pauvres et pèlerins que desserviront des Sœurs grises de Bailleul, et à la léproserie. Dix ans après, ils établissent un prêtre comme chapelain au château. Suivant Vredius, les barons d’Haveskerque bâtirent le château d’Estaires en 1401, époque où les habitants de Terrouenne démolirent leur manoir au village d’Haveskerque et près de la forêt de Nieppe. Leur nouvelle habitation était à gauche de l’endroit où le fossé de ville s’embouchera plus tard dans la Lys. Sanderus le représente dans sa vue d’Estaires de La Flandre illustrée : C’était un carré de bâtiments entourant une cour et présentant des tours rondes aux angles avec tourelles suspendues ou échauguettes entre les tours; les unes et les autres avec toits en poivrière et le tout crénelé, du côté de l’entrée domine le donjon, grande tour carrée flanquée d’une tourelle de guet plus élevée. Vredius fait l’éloge des salles et appartements de ce château-fort.

Josse de Stavèle, fils de Jean et de Marguerite, seconde fille d’Henri d’Antoing, devient seigneur d’Estaires et d'Haveskerque.

Jean II épouse Jeanne de Berlaymont, dame de Glayon.

En 1484, Jean de Stavèle fut un des premiers députés aux États contre l’archiduc.

Jean, chevalier, seigneur d’Issenghien, Glayon, Chaumont, Estaires, La Gorgue, Haveskerque, Éverghem, épouse en premières noces Marguerite, fille de Jean de Hercelles, seigneur de Caulers, et de Marguerite Blondel ; en secondes noces, Barbe de Mouy, issue des de Béthune.

Jean, seigneur d’Isengbien, Haveskerque, Estaires, Zuit-Berquin, Everghem, épouse Françoise de Mailly, veuve de Charles de Rubempré. Josse, son frère, baron de Chaumont, seigneur de Glayon, épouse Jeanne de Ligne-Barbançon, veuve de Louis de Blois, seigneur de Trélon. Deux de leurs sœurs du second lit sont mariées : Marguerite à Adrien Villain, seigneur de Rassenghem; Jacqueline à François Delevalle, seigneur de Derobert.

Jean devint grand bailli, conseiller et chambellan de l’empereur.

Philippe de Stavèle, baron de Chaumont, seigneur de Glayon, succède en 1531 à son oncle Jean. Sa tante Marguerite, veuve d’Adrien Villain III, seigneur de Rassenghem, mort en 1532, hérite d’Isenghien. Philippe épouse Anne de Pallant, comtesse de Herlies par achat, dame de la Bassée, du pont d’Estaires, de Fresnoy. Sa sœur Isabeau épouse Bauduin de Montmorency, seigneur de Croisilles, et meurt en 1542 ; son mari, en 1567, après un second mariage.

En 1533, Philippe de Stavèle et Jean de Montmorency  vendent, le 11 juillet, pour 250 livres parisis de gros, monnaie de Flandre à la livre de rente héritière. Vredius assure que « la seigneurie de Neuf Berquin est la première que les Montmorency aient possédée dans nos pays belges. »

Philippe prend part à l’expédition de Hongrie en 153.., celle de Tunis en 1535, d’Alger en 1541-42, et l’an suivant à celle de Juliers.

A son retour, il fait des reconstructions au château d’Estaires et y établit plusieurs chapelains.

Après Jean de Stavèle, le bailli de Cassel fut Jean, seigneur de Saint-Aldegonde et de Noirquelmes; puis Charles de Br...., puis le seigneur de Courrières, enfin Philippe de Stavèle. Les Stavèle portaient cependant le titre de baillis héréditaires (ANTIQUITÉ ET NOBLESSE). Philippe devint, en 1556, chevalier de la Toison d’or, et figurait, en 1558, dans l’armée de Philippe II, qui partit d’Arras le 21 août (Meteren).

« Les Flamands, remarque l’historien, sont gens pieux et anciens chrétiens, de sorte  que difficilement peuvent-ils embrasser les superstitions espagnoles, lesquelles conviennent bien mieux aux  Morisques qu’à eux. C’est un peuple qui aime la liberté,  comme toutes les histoires et les guerres de Pays-Bas  l’ont montré.»

En 1559, Philippe était grand-maître d’artillerie et devint membre du Conseil d’État.

Jean de Stavèle mourut en 1531; sa femme dame de Mailly, en 1543; Philippe, le 1er janvier 1563.

Floris, comte de Herlies, baron de Chaumont et Haveskerque, succède dans la seigneurie d’Estaires à Philippe son père, et il épouse Madeleine d’Egmont. Son frère Philippe est seigneur de Glayon.

Floris de Stavèle devint bailli de Cassel.

Le seigneur d’Estaires Floris de Stavèle, meurt en 1603 et est enterré à Lens. Nicolas de Montmorency, seigneur de Vendegies-sur-Ecaillon, chef des finances des sérénissimes archiducs, membre du Conseil d’État, plusieurs fois commissaire au renouvellement des lois de Flandre, succède en la seigneurie d’Estaires, du chef de sa grand’mère, Marguerite de Stavèle. Il était fils de François, seigneur de Bersée, gouverneur de Lille, Douai, Orchies, mort en 1594, et de Hélène, fille d’Adrien Villain, seigneur de Rassenghem et de Marguerite de Stavèle. Nicolas avait épousé Anne de Croy, dame de Bermeraine, et Pamèle, fille de Jacques, seigneur de Saimpy.

Par lettre du 8 août 1611, Estaires avec ses dépendances est érigée en comté par les archiducs en faveur des Montmorency : 0 défaut d’héritier de Nicolas, la succession passera à ceux de son frère aîné Louis, tant par les femmes que par les mâles.

François de Montmorency, père de Nicolas, était issu de Louis, seigneur de Fosseux, et de Marguerite des Wastines. Après la mort de Hélène qu’il avait épousée en 1550, il épousa Jacqueline de Recourt, dont la mère était de Saint-Omer.Il succéda à son père au gouvernement de Lille en 1590 et mourut en 1594. Son fils aîné Louis, seigneur de Beuvry, l’avait précédé dans la tombe. Né en 1554, il épousa, en juillet 1577, à Morbèque, Jeanne de Saint-Omer, cousine de Jacqueline de Recourt. Tué dans l’expédition d’Ostende, il laissait quatre fils. Jean, leur frère, seigneur de Hellèmes, mourut chartreux à Valenciennes. Leur sœur Philippe épousa, en 1585, au château de Bercée, en présence de son père et de Nicolas, Adrien de Gomicourt, gouverneur de Maëstricht et de Hesdin. Anne fut chanoinesse à Nivelles, puis annonciade à Béthune....

Nicolas, dans sa jeunesse, gentilhomme de la bouche de Philippe II, fut fait chevalier à Lisbonne par lettres du 5 novembre 1581, entérinées le 31 juillet 1585.

Vers 1612, Nicolas de Montmorency fit faire un vitrail à Saint-Nicolas de Douay dans la chapelle Sainte-Anne, portant les 64 quartiers de son extraction, 32 de son père et 32 du côté maternel. On trouve aux archives d’Estaires un relevé de pièces, aujourd’hui détruites, relatives au Montmorency, de 1462 à 1614.

Nicolas de Montmorency, qui avait fondé à Lille l’abbaye de Sainte-Brigitte, s’y était réservé sa sépulture. Il mourut à Gand le 16 mars 1617, étant commissaire pour le renouvellement des lois de Flandre.

François de Montmorency, neveu de Nicolas, fils de Louis, seigneur de Beuvry, mort en 1585, déjà seigneur de Bersée, Wastines, Saultain, par la mort de son aïeul François en 1594, devient, en 1617, seigneur d’Estaires.

Protonotaire apostolique et prévôt de l’église de Cassel en 1605, il est ensuite chanoine et haut doyen de celle de Liège. Il venait d’hériter par sa mère des biens de Morbèque, à la mort de son oncle et de son cousin Robert, mort le 1er septembre 1617 ; et du vicomté d’Aire, héréditaire chez les Saint-Omer-Morbèque depuis le XVIe siècle, des seigneuries de la Bourre, Dranoutre, Oudenhove, etc., quand il entra dans la Compagnie de Jésus en 1618. Antoine, second fils de Louis, devint abbé de Cateau-Cambrésis en 1617, et mourut en 1635. Floris, le troisième, jésuite, provincial de la province wallonne, assistant général pour l’Allemagne, était bon poète latin. Marie leur sœur, dame d’honneur, épouse Albert de....

Le 11 décembre 1617, François de Montmorency, comte  d’Estaires, baron d’Haveskerque, seigneur de Zuit-Berquin, Zuit-Pamel et haut doyen de l’église de Saint-Lambert de Liège, donnait à Jean de Montmorency, baron de Wastines et de Bersée, Hellèmes et Souverain-Moulin, son frère, le comté, ville, château et seigneurie d’Estaires, la terre et seigneurie de Zuit-Berquin, la baronnie d’Haveskerque, le tout ainsi qu’il était échu au donateur par le trépas de Nicolas de Montmorency, son oncle paternel.

Jean de Montmorency, comte d’Estaires et de Morbèque, vicomte d’Aire, baron d’Haveskerque, de Wastines, etc., maître d’hôtel de l’infante gouvernante des Pays-Bas, gouverneur des ville et château d’Aire, fit ses premières armes en Hongrie sous le duc de Mercoeur et sous George Bonta. A son retour il épousa Madeleine de Lens, fille de Gille, baron des deux Aubigny. Il fut ensuite capitaine de 500 Bas-Allemands, puis de 400 Wallons, gouverneur et grand bailly de Lens. Il concourut à l’érection du second monastère des Brigittines de Douai en 1626. Il fut ambassadeur à Madrid en 1630 et chevalier de la Toison d’or.

Par testament fait à Bruxelles le 22 février 1630, Jean de Montmorency et Madeleine de Lens, sa femme, ont fait donation à François-Philippe de Montmorency, de la comté, ville, château et seigneurie d’Estaires, baronnie d’Haveskerque, Zuit-Berquin, et généralement tout ce qui a été donné à Jean par son frère aîné François de Montmorency, doyen de Saint-Lambert par contrat de 1617.

Jean meurt le 14 septembre 1631, ayant eu onze enfants. Il est inhumé aux Récollets, ainsi que son second fils Nicolas, vicomte d’Aire, et l’aîné, Gilles, baron d’Haveskerque. Son fils, G. Honoré, est nourri à la cour d’Espagne; plusieurs autres meurent jeunes : François, au collège de Douai le 3 décembre 1636.

Le 24 décembre 1631, fut fait relief par Maximilien de Gand dit Vilain, comte d’Isenghien, des terres et seigneuries d’Haveskerque, Estaires et Zuit-Berquin.

Eugène de Montmorency, le plus jeune des fils de Jean, est prince de Robèque, marquis de Morbèque, comte d’Estaires. Hélène, fille aînée de Jean, chanoinesse à Mons, épouse Engelbert de Immersel, comte de Bouchove, qui l’a enlevée ; Marie-Françoise, le comte de Tilly en 1653 ; Marie-Isabelle, chanoinesse à Nivelles, Charles de Brandebourg ; la plus jeune, Marie-Thérèse, meurt sans postérité.

 Le 12 juin 1637, il y a relief par Madeleine de Lens, ayant la garde noble de Eugène de Montmorency son fils aîné, de la ville et comté d’Estaires, la baronnie d’Haveskerque, la seigneurie de Zuit-Berquin, le marquisat de Morbèque y étant consolidé, la seigneurie de Selles qui voulait être particulière, la seigneurie de Bour et celle de Bleuthove et Oost-Camerlant à Strazeele, tous fiefs tenus de la cour de Cassel, échus audit Eugène par le trépas de François-Philippe son frère.

En août 1641, Eugène de Montmorency épouse Marguerite-Alexandrine, fille de Philippe de Ligne, prince d’Aremberg. Il est créé chevalier de la Toison d’or, et devient gouverneur général de l’Artois et gouverneur de Saint-Omer.

Eugène de Montmorency défend Saint-Omer contre le duc d’Orléans. Onze jours après la bataille de Cassel, il repousse un assaut en faisant croire que Louis XIV a été repoussé de Cambray ; enfin capitule après dix-sept jours de tranchées, le 21 avril 1677.

Sa fille Isabelle épouse Philippe-Charles Spinola, comte de Bruay. Eugène meurt en janvier 1682.

Philippe-Marie de Montmorency, prince de Robecque, vicomte d’Aire, comte d’Estaires en 1683, épouse Marie-Philippe, fille de Philippe-Emmanuel de Croy, comte de Solre.

En 1690, Philippe de Montmorency, colonel, meurt à Briançon.

Charles, l’aîné des fils de Philippe de Montmorency, est prince de Robèque ; Anne-Auguste, comte d’Estaires, vicomte d’Aire, et en 1692 devient brigadier des armées du roi, colonel du régiment de Normandie.

En 1710, le comte d’Estaires, Anne-Auguste de Montmorency, est maréchal de camp et bat un corps d’Italiens venu au secours de Girone. Le 23 mai 1712, sursis est déclaré à tout procès contre le comte d’Estaires.

En 1712, Charles de Montmorency est nommé lieutenant général des armées de France et d’Espagne. Grand d’Espagne en 1713, colonel des gardes wallonnes, il épouse, le 12 janvier 1714, devant leurs Majestés Catholiques, Isabelle-Alexandrine, fille de Philippe-Emmanuel-Ferdinand de Croy, comte de Solre, sa cousine. Il meurt l’année suivante, en septembre. Leur sœur Isabelle-Eugénie est religieuse à Vi]le-Évêque.

Anne-Auguste de Montmorency, comte d’Estaires en 1716, chevalier de la Toison d’or, grand d’Espagne de première classe l’année suivante, lieutenant général du roi en 1720, puis majordome de la reine, veuve de Louis I, épouse Catherine-Félicité, fille de Ch. comte de Belloy, et perd sa femme, âgée seulement de 19 ans.

La princesse de Robèque meurt en 1727.

En 1734, le comte d’Estaires sert à Philippebourg comme lieutenant général.

Il meurt le 26 octobre 1745. Son fils Anne-Louis-Alexandre de Montmorency lui succède comme comte d’Estaires. Né le 11 octobre 1724, il avait épousé Anne-Maurice, fille de Charles-François de Montmorency-Luxembourg, duc de Luxembourg et Piney, maréchal de France. Son frère Louis-Anne-Alexandre, né en 1729, est marquis de Morbèque; leur soeur Madeleine-Françoise-Anne-Félicité, née en 1727, est religieuse à Ville-Evêque.

Anne-Louis-Alexandre est grand d’Espagne de première classe et lieutenant général.

Le fils du prince de Robèque meurt en 1749. Le comte d’Estaires lui succède, perd sa femme en 1760, et épouse en secondes noces, le 4 mars 1762, Émilie-Alexandrine, fille de Louis-Amand de Larochefoucauld, duc d’Étissac.

Le marquis de Morbèque est maréchal de camp et gouverneur de Bouchain.

Nous sommes à la veille de la Révolution. Les États généraux sont convoqués en mai 1789. Les élections des membres se feront à deux degrés.

Le 30 mars se réunit  à Bailleul une assemblée baillagère où Merville et Estaires envoient chacune six députés. Parmi les membres de la noblesse, Mgr Anne de Montmorency, comte d’Estaires, figure dans l’assemblée baillagère de Bailleul en mars 1789 pour l’élection des membres des États Généraux .

A l’assemblée tenue à Bailleul en mars et avril 1789, figuraient 

  • Mgr Anne-Louis-Alexandre de Montmorency, prince de Robèque, comte d'Estaires et du Saint-Empire, marquis de Morbèque, baron d’Haveskerque, vicomte d’Aire, grand d’Espagne de 1ère classe, lieutenant général des armées du Roy, gouverneur des ville et fort Saint-François-d’Aire, commandant en chef les provinces de Flandres, Hainaut et Cambrésis, etc., etc., demeurant en hiver en son hôtel de Paris, en été en son château de Morbèque ;

  • Fondé de procuration et représentant très-haut et très-puissant seigneur, Mgr Louis-Eugène-Marie, comte de Beaufort, comte de Moulle, de Buysscheure et de Croix, vicomte de Houlle-la-Jumelle, etc., etc ;

  • Et fondé de procuration de Denis-Jos de Godefroy, escuyer, seigneur de Maillard, etc... ;

  • M. de Montmorency, marquis de Morbèque, de Reves, etc., maréchal des camps et armées de sa majesté, demeurant avec son frère, M. le prince de Robèque;

  • Fondé de procuration et représentant très-haute, très-puissante et illustre dame Mme Elisabeth-Pauline de Gand, de Mérodes, de Montmorency, née princesse de Masmines, épouse séparée de bien, de corps et d’habitation de très-haut et très-puissant seigneur Mgr Louis-Léon-Félicité de Brancas, comte de Lauraguais... ladite dame de Lauraguais, dame et propriétaire de la terre de Warneton et autres lieux situés dans le ressort de Bailleul.

Après cela, c’est le 5 mai 1789 ; les États généraux devenus Assemblée nationale constituante, les nobles et seigneurs sont engloutis dans la Révolution, avec le clergé, avec tous les droits les plus légitimes, avec le vieux Christ des Saliens remplacé par l’Être suprême et la déesse Raison ; suprême déraison qu'il prétend à une loi sans Dieu, à des droits de l’homme qui mettront en péril les libertés constitutives de la société née de l’Évangile.